E-Néo, Hopium : où sont les aides d’Etat ?

E-neo, Hopium : où sont les aides d'Etat ?

E-neo, Hopium : où sont les aides d’Etat ?

Faute de soutien public, un acteur du retrofit prometteur a dû arrêter ses activités au moment de passer au stade industriel. C’est aussi la menace qui pèse sur Hopium. Des situations qui interrogent sur la capacité de la France à accompagner les start-ups.

L’émotion est grande au sein de la filière hydrogène depuis vendredi soir. Le fondateur d’e-Néo, Jérémy Cantin, a en effet annoncé sur son compte LinkedIn la fin d’une belle aventure. Plusieurs raisons (délais pour l’homologation, difficultés d’approvisionnement pour les pièces) expliquent cet échec, mais le principal écueil est venu d’un problème de financement. « Il est où le plan hydrogène de 9 milliards ? à la télé, c’est sûr, mais pas une miette chez e-Néo. Pas plus qu’aucune aide d’aucun organisme officiel », écrivait façon amère le fondateur d’e-Néo. « Trop petit, trop vieux ou trop gros. Trop morts désormais », résume-t-il dans son post.

La même situation menace Hopium. On le sait, le constructeur de voitures à hydrogène est dans une situation financière délicate. Il peut tenir jusqu’à cet été, grâce au soutien d’un fonds d’investissement anglo-saxon, Atlas. Mais, sa survie passe par de nouveaux financements. Contrairement à une idée reçue, et entretenue par le fait qu’un ancien ministre d’Emmanuel Macron en a été le Président du conseil d’administration, Hopium n’a pas touché de subventions. Mis à part une aide d’un million d’euros par Bpifrance au démarrage, la société n’a pas bénéficié d’argent public. Elle a fait appel à des fonds privés en bourse pour se développer. L’une des planches de salut vient d’une subvention que pourrait accorder France 2030 dans le cadre du programme Auto Invest. Déposé fin mars, le dossier a été jugé recevable. La jeune entreprise se recentre autour de la pile et considère que ses performances lui permettent d’adresser plusieurs marchés dans la mobilité, à côté de son projet automobile. Elle pense pouvoir jouer un rôle de premier plan dans la compétition mondiale qui se dessine.

Que se passera-t-il en cas de refus, ou si la décision tarde ? Chez Hopium, on cherche en priorité une solution qui privilégie la France et son écosystème. La volonté est de préserver un savoir-faire, avec une centaine d’ingénieurs de haut niveau et qui ont développé une pile à combustible annoncée comme très performante. Le fondateur, Olivier Lombard, a su attirer un rare vivier de talents qui ont une forte expertise dans l’hydrogène. Le risque, c’est un sauvetage par des fonds étrangers, avec une délocalisation possible. L’entreprise suscite la convoitise d’acteurs situés en Chine et au Moyen-Orient. Bercy est apparemment au courant de la situation.

Le plus étonnant, c’est que l’Etat a des fonds. Mais, il ne les utilise pas pour aider des acteurs qui veulent créer de l’emploi en France. En tout cas pas les « petits ». On l’a vu pour e-Néo et c’est aussi le cas pour Hopium. Le constructeur français tient à souligner le rôle des régions, qui sont le bon maillon pour aider les industriels sur le terrain. Rappelons à ce sujet que la Normandie a accordé un prêt de 2 millions, afin de sauvegarder le projet d’usine à Vernon (Eure). Il faudrait qu’un transfert de compétences et de moyens permette aux régions d’aider des projets industriels, qui nécessitent un accompagnement fort. On touche là à un problème typiquement français. Quelle que soit la technologie, notre pays n’arrive pas à faire passer à l’échelle des projets d’innovation.

Emmanuel Macron est sans doute sincère quand il affiche l’ambition de la France de devenir un leader mondial de l’hydrogène en 2030. Mais, il y a un décalage terrible entre ses intentions et la réalité sur le terrain. Alors que ce n’était pas prévu, il avait visité le stand d’Hopium au Mondial de l’Automobile. Il ne connaît sans doute pas les difficultés que la société traverse aujourd’hui. Et pour la filière H2, ce serait un comble de voir passer le constructeur sous pavillon étranger, avec un stand par exemple au prochain salon de l’auto du Qatar.

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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