Mathieu Gardies (STEP) : le taxi à hydrogène est un pari gagnant pour l’avenir

Mathieu Gardies STEP

A l’occasion du congrès Hyvolution, nous avons rencontré le Président de la STEP (Société du Taxi Electrique Parisien), Mathieu Gardies. Il dresse un premier bilan du service Hype avec des Hyundai ix35 à hydrogène sur Paris et évoque sa confiance dans ce nouveau type d’énergie pour la mobilité.

Votre service de taxi a débuté lors de la COP21. Quel bilan en tirez-vous ?

Un bilan très positif. Nous avons eu des retours au-delà de ce qu’on espérait, à la fois des clients et de la communauté des taxis. De la part de nos chauffeurs, d’une part, mais aussi de la part des collègues avec qui ils sont amenés à discuter.

Et vous avez été accepté par les autres taxis ?

On a été accepté avant, car c’est un projet qui a été préparé depuis longtemps. Nous voulions être perçus par les taxis comme un moyen de les aider à préparer leur avenir. Mais, au-delà de notre compagnie, c’est le véhicule qui a été identifié comme une des solutions à leur problème qui est de se tourner vers des véhicules propres, mais répondant aux nombreuses contraintes du métier de taxi.

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Est-ce que les clients prennent vos véhicules parce qu’ils roulent à l’hydrogène ?

Il y a des clients qui choisissent nos véhicules, parce qu’ils ont repéré leur look un peu particulier. Du coup, ils posent des questions et nos chauffeurs expliquent qu’il s’agit du premier taxi à hydrogène. Et puis, il y a ceux qui sont montés par hasard, en regardant leur Blackberry, et se rendent compte que la voiture ne fait pas de bruit. Mais, dans les deux cas, quand les clients ont pu échanger avec le chauffeur, ils ressortent convaincus de l’efficacité de la solution.

Aujourd’hui, il n’y a que quelques véhicules et une station provisoire dans Paris. Comment allez-vous vous développer ?

Notre flotte va suivre le développement des stations à hydrogène et se calera en fonction des capacités de l’infrastructure. A ce stade, nous travaillons pour essayer de pérenniser la station provisoire mise en place par Air Liquide, car nous pensons que c’est important de conserver un point de remplissage dans Paris intra-muros. Tout en restant fonctionnelle, elle peut servir aussi de site de démonstration auprès du grand public. Cela permet de visualiser concrètement la partie recharge de la solution hydrogène. On sait que cette station sera encore là au moins jusqu’à la fin de l’été.

Aujourd’hui, vos chauffeurs roulent en Hyundai ix35 FC. Puisque Toyota vient d’annoncer que des premiers exemplaires de la Mirai vont arriver en France dès cette année, êtes-vous intéressé par ce modèle pour votre flotte ?

Aujourd’hui, les trois constructeurs qui proposent des voitures à hydrogène, Hyundai, Toyota et Honda, ont des modèles qui sont adaptés à ce que l’on fait.  Ce que doivent comprendre ces marques, c’est que nous pouvons jouer le rôle d’interface entre le B to B avec des flottes captives qui restent au garage et les solutions pour les particuliers. Notre solution est le chaînon manquant pour accélérer le déploiement de l’hydrogène.

A une époque, la STEP a voulu déployer des taxis électriques à batterie, comme cela se fait dans plusieurs villes d’Europe. Pensez-vous que l’hydrogène soit un pari gagnant ?

C’est une solution gagnante pour l’avenir, car je connais parfaitement les contraintes pour opérer un service de taxis électriques à batterie. Et ce, quel que soit le véhicule. Même si on prend le top du top de ce qu’on peut trouver, c’est à dire la Tesla Model S, on est beaucoup plus efficace. Nos véhicules ont 550 km réels d’autonomie et on recharge en 3 mn. Donc, je suis convaincu que sur les usages de type taxi, ou transport de personnes en général, l’hydrogène est clairement la meilleure solution.

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Et les chauffeurs, qu’est-ce qu’ils vous disent ?

C’est ce que nous disent les chauffeurs aussi. Avec seulement 5 véhicules, notre flotte est supérieure à celle des modèles électriques que l’on peut trouver au sein des taxis parisiens. A Paris, il y a très peu de Tesla chez les taxis, alors que la marque existe depuis plusieurs années. Les chauffeurs savent très bien que pour acquérir une Model S à un prix abordable, il faut choisir une batterie plus petite, avec une autonomie qui tombe à 300 km. Et dans ce cas, cela veut dire aussi qu’il faut un pavillon pour assurer la recharge. On est loin de la capacité fonctionnelle qu’offrent nos Hyundai avec pile à combustible. C’est le retour que nous avons dans les bases arrière, quand nos chauffeurs discutent avec leurs homologues. Nos voitures ont la même autonomie que des modèles comparables diesel et hybrides, sauf qu’elles ne polluent pas. La question reste simplement le coût.

D’autres chauffeurs de taxi ont-ils demandé à essayer vos voitures ?

Oui, cela nous arrive. Le projet n’est pas seulement de développer notre flotte, mais aussi de faire en sorte que l’ensemble de la flotte des taxis ait une solution intéressante afin de passer rapidement au zéro émission.

 

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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