Si l’on en croit la presse africaine, les accords signés par la Tunisie – qui a pour ambition de devenir un exportateur d’hydrogène vert – sont mal vécus par la population locale. Quels sont les griefs ?
Dans un récent article, Courrier International fait état des articles qui traitent de la stratégie hydrogène en Tunisie. Il y a d’un côté les médias qui saluent le rôle économique que pourrait jouer le pays, en tant que fournisseur de l’Europe, et de l’autre ceux qui dénoncent une certaine forme de colonialisme. Il est par exemple rappelé que l’électrolyse est très gourmande en eau. Avec un objectif de production de 200 000 tonnes par an, puis 1 million, il faudrait ainsi mobiliser jusqu’à 248 millions de mètres cubes d’eau de mer dessalée d’ici à 2050. Ce qui équivaut à la consommation annuelle de la moitié de la population nationale.
Des questions sur l’eau et les surfaces dédiées aux éoliennes
Par ailleurs, l’exploitation, dans le sud du pays, nécessiterait une superficie de 500 000 hectares (soit deux fois la superficie de la capitale et de ses environs réunis), pour l’implantation d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques.
Les critiques concernent surtout la GIZ, l’Agence de coopération internationale allemande pour le développement. Celle-ci aurait, selon les militants du climat, façonné la stratégie tunisienne pour l’hydrogène vert. Ils dénoncent une forme de « néo colonialisme ». Rappelons à ce propos que le pays voudrait exporter 6 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici à 2050.
Parmi les partenaires potentiels de la Tunisie, on peut citer TotalEnergies qui, dans le cadre d’un consortium, a signé un protocole d’accord.
Les pays qui ont pour ambition de devenir producteurs et exportateurs d’hydrogène vert feront sans doute face à ce débat. Faut-il produire pour le marché local ou exporter ? D’aucuns pourraient répondre que les recettes permettront aussi à ces mêmes pays de développer des infrastructures qu’ils ne pourraient financer autrement. Le fait est que l’Afrique est amenée à jouer un rôle par rapport à l’Europe. Le Maroc, l’Algérie, et notamment l’Egypte entendent également saisir cette opportunité.
Vous voulez en savoir plus sur l’hydrogène vert en Tunisie ? Alors nos deux derniers articles sur ce pays devraient vous intéresser. Vous pouvez les lire ici et là.