Rencontres de Meaux : des synergies entre ports et aéroports

Hier, l’une des tables rondes proposées par les Rencontres de Roissy Meaux Aéropole avait pour thème le maritime et le fluvial. Cela peut surprendre, mais il y a pourtant une logique. Et le visuel d’un cargo partage celui d’un avion sur l’affiche de l’édition 2024.

Meaux, joli port de pêche… Certes, la ville dirigée par Jean-François Copé est traversée par la Marne et le Canal de l’Ourcq. Mais est-ce que cela justifie pour autant la présence de Victorien Erussard, capitaine d’Energie Observer, de Haropa Port et de représentants de VNF (Voies Navigables de France), Sogestran ou encore d’Alstom (via Helion Hydrogen Power). La réponse est oui, et voici pourquoi. Axée sur les besoins en hydrogène de la plateforme aéroportuaire de Roissy, la conférence traite aussi d’autres modes de transport. Il avait été question par exemple de mobilité routière un peu plus tôt avec OPmobility et le thème du camion était illustré par le poids-lourd rétrofité de Hyliko (exposé sur le parking, face à l’entrée).

Connexions entre Le Havre et Paris

Rappelons que l’un des invités d’honneur était Edouard Philippe, ancien Premier Ministre, maire du Havre et Président de l’agglo. Le port du Havre, qui fait partie de Haropa Port, va justement faire partie de ces pôles qui vont produire de l’hydrogène et des molécules permettant de fabriquer des SAF pour les avions. Ce sont des produits qu’il faudra bien aussi convoyer par pipelines ou par bateau à travers la vallée de la Seine.

À ce propos, Laurent Hénart de VNF a expliqué qu’il serait possible de développer des pipes le long des canaux gérés par cet organisme, et qui s’apparentent à de longues lignes droites. VNF, qui a déjà l’expérience de l’électrification des ports et des raccordements avec Enedis, pourrait très bien jouer un rôle actif par rapport à la distribution d’hydrogène (y compris pour la fourniture de l’eau pour les projets industriels). Pour sa part, Sogestran a fait part de son projet de barge à hydrogène (Zulu 06), qui va entrer en service d’ici la fin de l’année entre Gennevilliers et Bonneuil-sur-Marne. L’entreprise avait aussi une expérience à partager en matière de réglementation.

Les besoins en hydrogène liquide d’Energy Observer 2

Victorien Erussard a rappelé hier qu’Edouard Philippe était monté à bord d’Energy Observer (EO). Le marin a révélé au passage que c’est à Saint-Malo, ville d’attache du navire, que le premier plan national pour l’hydrogène a été inspiré par ce projet, dont le parrain à l’époque était Nicolas Hulot. Bien sûr, l’épopée d’EO a été évoquée, mais Victorien Erussard était là pour parler de son projet de cargo Energy Observer 2. Ce cargo de 160 m de long et capable d’embarquer plus d’un millier de containers, avec une pile d’une puissance de 4,8 MW*, va fonctionner avec de l’hydrogène liquide. Il en embarquera 42 tonnes (deux fois la capacité de la fusée Ariane). « J’ai besoin d’un gros liquéfacteur », a déclaré Victorien, qui a fait référence aux projets de production de Lhyfe et de Qair au Havre. Le navire fera du cabotage dans le nord de l’Europe. Kris Danaradjou, de Haropa Port, se déclare « prêt à faire du soutage avec de l’hydrogène liquide ». Le consortium a déjà l’expérience du GNL.

Rappelons que l’hydrogène liquide sera aussi le carburant pour les gros avions. D’où les synergies entre ports et aéroports.

Il a également été question de l’électrification des ports avec des piles à combustible (ce que peuvent faire Helion et EODev, qui revendique la production à ce jour de 200 groupes électrogènes H2). La solution permet d’éviter le recours à une électricité décarbonée. « Il n’y en aura pas pour tout le monde », a prévenu Vincent Mahéo, le CEO de Helion.

S’agissant du fluvial comme du maritime, il faudra aussi prévoir l’implantation de stations de distribution d’hydrogène pour les bateaux.

*L’équivalent d’une concession avec 100 voitures à hydrogène

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