Exclu : l’écosystème hydrogène reste optimiste en France selon une étude Helion-HEC-MEDEF

Exclu : l’écosystème hydrogène reste optimiste en France selon une étude Helion-HEC-MEDEF

En avant-première, Hydrogen Today a pu prendre connaissance d’une étude réalisée par Helion Hydrogen Power (Alstom), HEC Alumni et le MEDEF International. Elle a été menée auprès de 102 décideurs représentant 55 entreprises d’horizons variés.

Contrairement au baromètre annuel de Terega, qui reflète l’avis des français sur l’hydrogène, la filiale d’Alstom a souhaité prendre la température directement auprès des acteurs de la filière. C’était le souhait de Vincent Mahéo, le CEO d’Helion Hydrogen Power, un ancien de HEC, qui s’est associé pour la circonstance à Mikaa Blugeon-Mered*, qui était alors encore enseignant à Sciences Po Paris et coordinateur de la Task Force Hydrogène du MEDEF International.

Les décideurs plutôt optimistes malgré le contexte économique

La limite de l’étude vient du fait qu’elle a été menée entre le 28 janvier 2025 et le 28 février 2025, avant l’annonce de la stratégie révisée de l’hydrogène (en avril) et la décision de Stellantis de se retirer du marché de l’hydrogène (en juillet), la liquidation de Hyvia étant toutefois déjà connue. Mais, elle permet d’avoir une analyse lucide de la part d’acteurs provenant de la mobilité (automobile, camion, ferroviaire), de l’industrie et de l’énergie.

Avec une note globale de 6 sur 10, reflétant une certaine confiance, l’année 2025 est jugée moins morose que ne voudraient la dépeindre certains médias, en particulier la presse économique qui s’attache plus aux défaillances qu’aux succès de la filière. Cet optimisme mesuré rejoint un rapport récent de l’Hydrogen Council, ou encore l’appréciation qu’a pu porter récemment l’étude de l’Agence Internationale de l’Energie, qui constate une dynamique favorable à l’hydrogène. « En fait, le trou a eu lieu en 2024 », analyse Vincent Mahéo, qui fait référence à la célèbre courbe de Gartner. Après une période d’euphorie, il y a la désillusion, puis la consolidation. Et justement, 2025 semble être une année de remise à niveau.

Des technologies matures, certains secteurs un peu moins

Ce que l’on peut noter, c’est que les décideurs considèrent aux deux tiers que les technologies hydrogène sont matures, en particulier les piles à combustible, les électrolyseurs et pour le stockage. Une affirmation qui va à l’encontre des idées reçues. A l’inverse, ils sont plus critiques sur les stations à hydrogène, la production de molécules (ammoniac, méthanol) et les infrastructures de transport. Des secteurs qui devront progresser.

S’agissant des usages, les avis les plus pessimistes concernent l’automobile, où la batterie répond à plus de 90 % des besoins (sauf pour les taxis). En revanche, les décideurs voient un avenir de l’hydrogène dans la mobilité lourde, et en particulier dans le ferroviaire. Au-delà de 400 km, l’hydrogène est la solution pertinente. Il en est de même pour les secteurs de l’énergie et de l’industrie. On retiendra aussi qu’ils fixent à 6,4 € le kg (livré) d’hydrogène pour être compétitif.

Globalement, la filière fait preuve d’un optimisme mesuré. 40 % des acteurs ont des projets en phase pilote ou démonstration, et 31 % en déploiement commercial, ce qui traduit un passage progressif de l’expérimentation vers la mise en œuvre réelle. On retiendra également que les décideurs critiquent à 60 % la stratégie de l’Etat, coupable de ne pas soutenir les usages. Le danger est d’avoir de la production en volume, mais pas de débouchés suffisants derrière.

A la lumière de ce sondage, Helion Hydrogen Power considère que « l’hydrogène en France, c’est comme le bon vin : un peu jeune aujourd’hui, mais promis à un bel avenir… 2025 pourrait être un bon millésime ». Un webinaire sera organisé le 9 octobre pour commenter l’étude.

*Il est enseignant à IFP et l’UM6P, tout en étant chercheur senior en géopolitique, stratégies et marchés, et rattaché à la Chaire de Recherche du Canada sur l’Hydrogène Propre

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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