L’Europe du nord : une région favorable au transport zéro émission

L’Europe du nord : une région favorable au transport zéro émission

Dans le cadre de Solutrans, une conférence a permis de dresser un panorama de la mobilité électrique et hydrogène. Le développement de la mobilité zéro émission y est plus rapide, en raison de la volonté politique.

C’est un fait : les gouvernements nord-européens (Suède, Norvège, Danemark, Pays-Bas) imposent des réglementations plus strictes sur les émissions de CO2. Des zones à faibles émissions (LEZ) et des interdictions progressives du diesel encouragent les transporteurs à passer à l’électrique ou à l’hydrogène. Et ces restrictions s’accompagnent d’aides conséquentes. La représentante de Scania, Catharina Qvist, a évoqué des subventions en Suède pouvant représenter de 25 à 60 % du coût d’un camion, en fonction de la taille de l’entreprise. Le fait qu’il y ait deux constructeurs locaux, Scania et Volvo, facilite les choses.

Mais le meilleur exemple vient des Pays-Bas. En raison d’un dispositif qui s’appelle Swim, il est possible de monter des dossiers pour subventionner des véhicules et des stations. Il a été cité en exemple également par Teal Mobility au cours de ce salon Solutrans. Récemment, le gouvernement néerlandais a attribué une subvention de 40 millions d’euros pour soutenir le développement de la mobilité des transports à hydrogène, avec 60 entreprises de logistique concernées et plusieurs constructeurs.

Puisqu’on parle de la Hollande, c’est l’occasion d’évoquer l’histoire de Resato, qui revendique 70 stations aux quatre coins de l’Europe (dont la Suède, l’Estonie, l’Islande et l’Allemagne, en plus des Pays-Bas). Agée de 35 ans, l’entreprise, qui est issue de la très haute pression, s’est lancée dans la station à hydrogène par un étonnant hasard. Elle a été contactée par un entrepreneur qui avait acheté la première Hyundai à pile à combustible et voulait faire l’acquisition d’un compresseur. Et c’est ainsi qu’est venue l’idée d’adresser ce nouveau secteur.

La complémentarité de l’hydrogène

La première station de la société a été montée à La Haye, avec une capacité de 500 kg/jour. Elle y alimenté une flotte de 50 taxis à hydrogène. Sinon, Resato a aussi parlé du réseau H2 Mobility, en Allemagne. Eric Mehl, en charge des ventes sur l’Europe du Sud et l’Amérique du Nord, a insisté sur l’importance de la coordination.

Un mot également des bornes de recharge. Il y avait un représentant du réseau Milence*, Alexandre Hélibert. Il a expliqué que l’Europe du nord était en avance par rapport à celle du Sud, avec des camions déjà opérationnels. Mais dans le Nord, les réseaux électriques sont saturés. Ce qui pose problème pour installer des mégachargeurs, avec une capacité minimale de 2 MW (et qui peut aller jusqu’à 20 MW), soit l’équivalent d’une ville moyenne. Milence est donc obligé, dans cette partie de l’Europe, de prévoir des grosses batteries pour stocker de l’électricité (et qui sont rechargées en heures creuses). Un handicap dont on parle assez peu et qui plaide pour une complémentarité de l’hydrogène pour la mobilité lourde.

*Fondé en 2022 sous la forme d’une coentreprise entre Daimler Truck, TRATON GROUP et Volvo Group

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. J'ai collaboré également à la newsletter de France Hydrogène. Et je suis aussi animateur de conférences et de forums dédiés à ce thème.

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