Blue Spirit Aero veut apporter l’hydrogène aux aéro-clubs

Cofondée par Olivier Savin, qui a passé près de 18 ans chez Dassault Aviation, Blue Spirit Aero (BSA) est une start-up qui souhaite lancer des petits avions à l’hydrogène. Une de plus, me direz-vous… Mais, le concept est plus subtil que ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. Comme l’explique cet ingénieur, convaincu depuis toujours par l’hydrogène, le projet lui trotte dans la tête depuis 25 ans. « Avant d’arriver chez Dassault, à la fin des années 90, j’ai commencé ma carrière aux Etats-Unis chez Honeywell, où j’ai travaillé sur des programmes spatiaux, notamment sur le remplacement des piles à combustible à bord de la navette spatiale. Et à l’époque, je pensais que cela faisait du sens pour les avions », confie-t-il. Mais il précise aussi : « j’ai cherché à comprendre la façon dont on pouvait introduire la technologie sur un avion, sachant que c’était compliqué à cause de l’infrastructure ».

Si on parle de 2035 et plus, pour les gros avions, c’est justement parce qu’il faut être en mesure de produire de grandes quantités d’hydrogène et d’assurer un maillage des stations d’avitaillement. De plus, il faut également résoudre les questions réglementaires. Et Olivier Savin ne veut plus attendre… « j’ai préféré une solution à court terme, qui concerne les avions plus petits jusqu’à 4 places et destinés aux aéro-clubs », explique-t-il. Ce choix vient du fait qu’on compte aujourd’hui 200 000 appareils de ce type dans le monde et dont la plupart sont très anciens. Il faut renouveler la flotte. De plus, les aéro-clubs sont confrontés à des restrictions, en raison des nuisances sonores. Pour faire simple, « il faut inventer une aviation décarbonée », affirme le dirigeant. Et c’est là qu’intervient l’hydrogène. « Les piles à combustible sont suffisamment compactes pour se conformer aux exigences de l’aéronautique », assure-t-il.

Blue Spirit Aero croit aux stations à usage plurimodal

Pour le dirigeant de Blue Spirit Aero, la solution vient des « stations à usage plurimodal ». Et il cite en exemple la station du projet Hyport à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, qui permettra à la fois d’adresser les besoins du transport terrestre (utilitaires, taxis, bus, camions) et de l’aéronautique (tracteurs de piste et avions). De plus, il constate que les aérodromes ont lancé une réflexion sur la production d’hydrogène, à partir de panneaux solaires et d’un électrolyseur.

L’autre argument qui plaide en faveur des aéro-clubs vient du fait que les compagnies aériennes ont besoin de pilotes. Les besoins sont estimés à 600 000 dans le monde. Et justement, ces petits appareils permettraient d’assurer leur formation initiale.

Une entrée remarquée

Créée officiellement en mars, Blue Spirit Aero a fait une entrée remarquée. La start-up a obtenu le label Deep Tech de la part de Bpifrance. Elle a aussi un partenariat avec l’Onera (Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales), qui lui donne accès à des moyens d’essai (soufflerie, simulation de la mécanique des fluides). La jeune pousse a aussi répondu à des AMI. Elle se positionne sur celui d’ADP (Aéroports de Paris), qui veut mettre en place un écosystème avec Airbus et Airfrance en Ile-de-France. Avec Pragma Industries, elle a aussi déposé un dossier auprès de la région Occitanie. Ainsi, dans le cadre du projet VOLTHYGE, l’idée est d’éprouver la résistance d’une pile à combustible à bord d’un avion de voltige. Placée sur le siège passager, elle sera soumise à des G et devra continuer à fonctionner. Le projet prévoit de démarrer avec une pile de vélo H2 de 200 w, puis d’enchaîner avec une pile de 2 kW et un module de 12 kW.

Mais, venons-en au concept porté par Blue Spirit Aero. L’approche consiste à intégrer la technologie dans des nacelles (pods) placées sous les ailes. Avec plusieurs systèmes autonomes, intégrant la pile et un réservoir, la start-up estime remédier aux problèmes de pannes et aux risques de fuite. Et contrairement aux projets concurrents qui font appel à de l’hydrogène liquide, BSA entend utiliser des technologies sur étagère, avec de l’hydrogène gazeux sous 700 bars et des piles du marché. A la recherche de partenaires, la société entend réaliser un démonstrateur d’ici fin 2024 et mettre en service le premier appareil en 2026.

Une levée de fonds est prévue prochainement pour mener à bien ces opérations.

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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