
Après la Cour des Comptes européenne, c’est la Cour française qui se penche sur le soutien public à l’hydrogène. Elle tire un premier bilan du soutien au développement de l’hydrogène décarboné et questionne le réalisme des ambitions portées par ces différentes stratégies.
Quel timing ! Alors que la France vient de publier la révision de sa stratégie nationale sur l’hydrogène, avec des ambitions revues à la baisse, ce rapport de la Cour des Comptes va sans doute contenter les détracteurs de la filière. On peut lire que les nouveaux objectifs de capacité de production par électrolyse – 4,5 GW de capacités d’ici 2030 et 8 GW d’ici 2035 – paraissent encore hors de portée. La Cour estime que seuls 0,5 GW sont pleinement sécurisés d’ici 2030. Et d’ajouter : sous des hypothèses très optimistes, ces capacités pourraient être portées à 3,1 GW d’ici là.
Il est question ensuite des 9 milliards promis par l’Etat. Ils se décomposent de la façon suivante : 2 Md€ pour la R&D, 1,5 Md€ pour l’industrialisation, 1,4 Md€ pour la mise en service d’électrolyseurs et au moins 4 Md€ pour la production d’hydrogène et ses usages. Peu d’argent a été dépensé, avec seulement 0,9 Md€ entre 2020 et 2024. Un délai qui s’explique en partie par des délais inhérents aux projets industriels, mais aussi par la publication tardive – seulement en décembre 2024 – du premier appel d’offres de production.
La Cour pointe que près de la moitié (46 %) des dépenses effectivement engagées ont été destinée au secteur du transport routier. « Il s’agit pourtant d’un usage pour lequel l’hydrogène est désormais considéré comme une solution de second rang, derrière le recours aux batteries ». Ce jugement n’est pas forcément pertinent, car l’électrique à batterie pourrait être rattrapé par la réalité des usages intensifs.
En résumé, la Cour des Comptes estime que le soutien public est encore peu mobilisé, non ciblé et sous-estimé. Elle estime par exemple que l’Etat a négligé de prendre en compte la compensation carbone, l’exonération d’accises sur les prix de l’électricité et le taux réduit de tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE). Des facteurs qui pourraient porter l’addition finale entre 9,5 et 13 milliards. Par ailleurs, la Cour s’inquiète du manque de compétitivité de l’électrolyse. La production d’hydrogène vert induirait en effet des surcoûts par rapport aux vaporeformeurs qui s’établiraient entre 1,5 Md€/an et 4,1 Md€/an entre 2031 et 2035 et entre 5,5 Md€/an et 11,0 Md€/an entre 2041 et 2045.
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