Selon La Tribune, TotalEnergies lâche la mobilité hydrogène. En fait, la sortie de Patrick Pouyanné n’a pas été comprise. Car il n’est pas question de mettre fin à la co-entreprise avec Air Liquide.
Dans un contexte difficile pour la filière, il y a des raccourcis que la presse économique pourrait éviter. Dans un article publié la semaine dernière, et qui est commenté sur les réseaux sociaux, on pourrait croire que le patron de TotalEnergies « lâche » la mobilité hydrogène. »Nous avions l’ambition de développer un réseau paneuropéen pour les camions. S’il n’y a pas de clients, pourquoi construire ces stations ? Il y a un vrai point d’interrogation aujourd’hui », a déclaré le 4 novembre Patrick Pouyanné, en marge d’une présentation sur les scénarios énergétiques à l’horizon 2050. Et comme il évoque ensuite « un réseau électrique de très haute puissance », on peut effectivement se demander si Teal Mobility va passer l’hiver.
Sur ce point, on peut répondre oui. TotalEnergies et Air Liquide ont bien validé le budget de leur coentreprise, qui déroule sa feuille de route. Il y a même des ambitions pour l’hexagone, puisque Yann Colin, qui était auparavant chez Bert & You, est désormais responsable du développement commercial pour la France, come l’affiche son profil LinkedIn.
Un coup de pression destiné aux constructeurs
La sortie de Patrick Pouyanné, adepte des formules cash, s’adressait en fait aux constructeurs de camions. Il leur met la pression pour sortir leurs modèles plus tôt, car le site affiche un objectif de 20 stations en fin d’année. Il y en a déjà 16 en service, dont 2 en France et 4 en Allemagne, les 10 autres étant concentrées au Benelux. Et le patron de TotalEnergies aimerait qu’elles accueillent plus de camions.
Ces poids-lourds, ils commencent à arriver. On les verra sur le salon Solutrans, où l’hydrogène sera à l’honneur cette année avec un village et des conférences. D’ailleurs, Teal Mobility y sera, sur le stand de TotalEnergies.
Daimler réaffirme la complémentarité entre batterie et hydrogène
A ce propos, il est intéressant de rappeler ce qu’a écrit la CEO de Daimler Truck, Karin Rådström, dans un post sur LinkedIn. « Si nous passons uniquement à l’électrique, et pour construire suffisamment de stations de recharge pour les 6 millions de camions en Europe. cela prendra de nombreuses années et coûtera incroyablement cher. Une infrastructure hydrogène en parallèle sera moins coûteuse ». Elle table sur 2000 stations H2 en Europe.
Le nerf de la guerre, c’est la disponibilité de cet hydrogène et à un prix correct. Pour la patronne de Daimler Truck, la solution est toute trouvée : « L’Europe s’appuiera sur l’importation d’énergie, et elle pourrait être transportée en Europe depuis l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sous forme d’hydrogène liquide. Mieux vaut l’utiliser directement comme combustible, plutôt que d’en faire de l’électricité ».
