H2ME : l’ère des pionniers de la mobilité hydrogène

H2ME
H2ME : l’ère des pionniers de la mobilité hydrogène

À travers deux vagues de projets, entre 2015 et 2023, l’Europe a pu initier le déploiement des premières stations et aider les industriels à tester leurs véhicules. Petit flash-back avant d’évoquer les enjeux à venir.

Hydrogen Mobility Europe (H2ME) a été un projet-phare lancé par le Clean Hydrogen Partnership (anciennement FCHJU : Fuel Cells and Hydrogen 2 Joint Undertaking), avec le concours de la Commission Européenne (via le programme de recherche Horizon 2020), Hydrogen Europe et Hydrogen Europe Research, pour un budget total de 170 millions d’euros, dont 67 apportés par l’Europe. Il a permis de déployer 1 400 véhicules (voitures et utilitaires) et 49 stations de remplissage dans 9 pays.

Un déploiement de flottes à grande échelle

Ce programme a été lancé à un moment où l’on pensait que l’automobile allait être le premier débouché de l’hydrogène. C’est la raison pour laquelle on retrouve dans la liste des partenaires des acteurs tels qu’Audi, BMW, Honda, Hyundai, Mercedes, Nissan, Renault et Toyota. Les véhicules étaient des voitures à hydrogène (Honda Clarity, Hyundai ix35/Tucson et Nexo, Mercedes Classe B et GLC-C, Toyota Mirai) et des utilitaires avec une pile à combustible sous forme de prolongateur d’autonomie (les fameuses Kangoo H2 avec piles Symbio). H2ME a permis de faire parcourir plus de 25 millions de km à ces véhicules et de montrer leur fiabilité, ainsi que la pertinence de leurs usages.

Le projet a permis aussi le démarrage du réseau de stations à travers l’Europe (qui en compte 265 selon le site H2stations.org). Les acteurs (Air Liquide, Engie, McPhy…) ont pu fiabiliser leur matériel. Au total, il y a eu près de 150 000 pleins pour un volume de près de 400 tonnes.

La mobilité s’oriente plus vers l’utilitaire et le poids-lourd

Aujourd’hui, que reste-t-il de tout cela ? On peut déjà rappeler que Hype et Hysetco, partenaires de ce projet, se partagent la plus grande flotte des taxis à hydrogène au monde. L’application taxi a été documentée à travers le projet ZEFER, qui a monitoré les véhicules déployés à travers l’Europe et analysé les données. Du côté des constructeurs, Hyundai et Toyota sont toujours sur le marché. BMW prépare le terrain avec son ix5 Hydrogen qui pourrait donner naissance plus tard à un modèle de série. Entre temps, Renault a décidé de créer Hyvia avec Plug et Stellantis s’est également lancé dans l’hydrogène. Tous deux ambitionnent de dominer le marchés des utilitaires.

Si les usages ont évolué, avec des besoins qui s’illustrent plus dans la mobilité lourde, le problème reste celui de l’infrastructure de remplissage. Pour bien faire, il faudrait au moins 100 stations par pays, selon H2ME. Avec la directive AFIR, des stations à hydrogène devront être déployées à partir de 2030 tous les 200 km et dans les noeuds urbains. Les pays membres doivent présenter un plan en 2027.

Cet article vous a plu ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Picture of Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

Nos derniers articles

BFC H2 VERT