L’hydrogène s’invite à la COP27
L’Egypte vient de donner le coup d’envoi de la COP27, qui se tient jusqu’au 18 novembre à Sharm el Sheikh. On y parlera entre autres de l’hydrogène vert, qui représente un enjeu économique pour plusieurs pays d’Afrique.
Dans une tribune à Jeune Afrique, un expert rappelle qu’une dynamique se met en place sur le continent africain pour tirer profit de ce secteur encore émergent. En mai dernier, le Kenya, l’Afrique du Sud, la Namibie, l’Égypte, le Maroc et la Mauritanie ont lancé l’Africa Green Hydrogen Alliance. La structure permet de mieux collaborer et d’harmoniser leurs cadres politiques et réglementaires, et en trouvant des solutions communes de financement. Selon Richard Kiplagat, « l’intérêt de ces pays pour l’hydrogène s’explique par l’alignement entre leurs potentiel de production et leurs besoins socio-économiques. Tous disposent de sources d’énergies renouvelables abondantes – solaire, éolienne, géothermique et/ou hydraulique. Certains sont également riches en matières premières nécessaires à l’électrolyse, le processus de séparation de l’eau en hydrogène et en oxygène, tels que les métaux du groupe du platine, dont les réserves sont fortement concentrées en Afrique du Sud ».
Si la Namibie et le Maroc ont déjà pris la parole pour faire connaître leurs ambitions, l’Egypte n’est pas en reste. Elle vient d’ailleurs de signer juste avant la COP27 un accord avec l’Allemagne pour lui fournir de l’hydrogène vert.
La France s’intéresse aussi à ce pays. Pour preuve : la task force sur l’hydrogène du Medef International lui a consacré un webinaire sur le sujet, en mai dernier. On apprend ainsi qu’une « multitude d’accords ont été signés entre le gouvernement égyptien avec des entreprises locales et internationales pour la production d’hydrogène bas carbone en Egypte. Par exemple, l’émirien Masdar s’est allié à l’égyptien Hassan Allam Utilities pour la production d’hydrogène vert dans la zone économique du Canal de Suez. L’accord prévoit notamment de produire 4 GW d’hydrogène. Pour sa part, la Task Force Hydrogène a été approchée par l’Egyptian Ports Development Group (EPDG) dans l’objectif d’associer des entreprises françaises au développement de démonstrateurs H2 à la COP 27.
Du côté du gouvernement français, l’Elysée rappelle que malgré « un contexte marqué par la guerre en Ukraine et ses conséquences déstabilisatrices sur le marché de l’énergie…la France tient ses objectifs climatiques et poursuit sa transition ». Elle entend devenir « un champion des énergies propres, du transport durable, et de l’industrie décarbonée ». Il est rappelé que le Président de la République a présenté en octobre 2021 le vaste plan d’investissement France 2030. Doté là aussi de 30 milliards d’euros, il permettra entre autres « de faire de la France le leader de l’hydrogène vert, de réduire de 35% les émissions de gaz à effet de serre du secteur industriel, et produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides ainsi que le premier avion bas-carbone ».
Une délégation tricolore sera présente pendant l’événement, en particulier sur le pavillon France. Sur le site du ministère de l’Ecologie, on peut voir que le 15 novembre, le Pavillon accueillera une conférence sur le thème « Déployer à grande échelle des énergies bas carbone : focus sur le nucléaire et l’hydrogène ». Parmi les intervenants, il y aura l’agence internationale de l’énergie (AIE), la SFEN (Société française d’énergie nucléaire), et le groupe VINCI.
Du côté européen, le Clean Hydrogen Partnership organise un « Hydrogen Transition Summit COP 27 », le 8 novembre. Ce débat sur la coopération entre l’Europe et l’Afrique sera modéré par Bart Biebuyck, le directeur exécutif. Il réunira des décideurs, des industriels et des investisseurs.
Il faut noter par ailleurs que l’hydrogène vert fera partie des sujets abordés au sein du pôle mondial d’innovation (UGIH) monté par l’ONU Climat à l’occasion de la conférence. « L’hydrogène vert prend la scène à la COP 27, stimulant l’innovation dans l’engagement collectif envers l’énergie verte », peut-on lire sur le site de l’UNFCCC. « Alors que le marché de la production d’hydrogène devrait croître jusqu’à 9,2% par an jusqu’en 2030, plus de 95% de la production d’hydrogène provient aujourd’hui d’énergies fossiles. L’UGIH explore les opportunités de développement de l’hydrogène vert alignées sur les ODD et l’Accord de Paris », est-il précisé.
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