Hier, les membres du consortium ont annoncé la suspension du projet Armor Hydrogène. Une décision prise après le retrait de Valorem, l’énergéticien indépendant.

C’est un coup dur pour la filière bretonne et une nouvelle désillusion pour l’agglo de Saint-Brieuc. Alors qu’elle travaille depuis 2019 sur ce projet*, et qu’elle avait réussi à être retenue en début d’année par l’Ademe, la collectivité est obligée de suspendre l’installation d’une unité de production d’hydrogène dans la zone des Châtelets, sur la commune de Ploufragan. Prévue sur une parcelle de 7 000 m2, cette installation était la pièce maîtresse du dispositif et devait voir le jour en 2028. Mais, Saint-Brieuc et ses partenaires ont du arrêter le projet, après le retrait du principal partenaire industriel, Valorem.

Sous l’impulsion d’un de ses actionnaires, le fonds danois AIP, l’entreprise a décidé de se recentrer sur d’autres secteurs et de faire l’impasse sur la mobilité hydrogène.

La production d’hydrogène devait alimenter deux stations et permettre de faire tourner 17 bus et deux bennes à ordures que Saint-Brieuc prévoyait d’acquérir. L’agglo de Saint-Malo était aussi intéressée par le projet, pour des applications dans le transport avec 9 véhicules lourds.

Les financements étaient pourtant là

Le projet total, estimé à 35 millions d’euros, bénéficiait d’importants investissements publics, dont 7,4 millions d’euros de l’Ademe et 2,7 millions de la région. Et ce coup d’arrêt est dommage, car le consortium semblait en bonne voie pour obtenir un coup de pouce de l’Europe. Saint-Brieuc Armor agglomération (Côtes-d’Armor) n’a finalement pas acheté de bus fonctionnant à l’hydrogène vert. En raison des retards, la collectivité avait déjà commencé à décarboner sa flotte de bus avec du GNV et de l’électricité. Par ailleurs, elle était déjà propriétaire du terrain où devait s’implanter la station de production d’hydrogène.

« On stoppe l’hydrogène, mais ce n’est pas un échec », relativise le Vice-Président de l’agglo de Saint-Brieuc, Jean-Marc Labbé. L’élu, qui s’est tant battu, avait d’ailleurs pris la parole cet été lors des journées Hydrogène dans les Territoires à propos de ce dossier. Il précise que « s’il y a d’autres projets hydrogène, on sera prêts ». Et ce qu’il faut retenir également, c’est que la région Bretagne, qui a toujours soutenu ce projet, poursuit sa stratégie centrée sur les véhicules lourds et les bateaux.

*Avec Saint Brieuc Armor Agglomération (SBAA), la CCI Côtes d’Armor, le Syndicat d’Energie 22 et la Banque des territoires, rejoints ensuite par Valorem et Teréga Solutions. Courant 2023, Saint-Malo Agglomération s’était rapproché du consortium public-privé

Sources : Ouest France, Le Télégramme