Les taxis à hydrogène : pourquoi ils vont continuer à se développer sans Hype

Les taxis à hydrogène : pourquoi ils vont continuer à se développer sans Hype

Le virage vers l’électrique de Hype, qui a annoncé son intention d’arrêter la mobilité légère hydrogène à Paris, ne signifie en aucun cas l’arrêt des taxis à hydrogène. C’est même tout le contraire. On vous explique.

En principe, un journaliste est censé vérifier ses sources et surtout en consulter plusieurs. Ce b.a-ba qu’on enseigne dans les écoles n’a plus tellement cours, surtout avec les médias en ligne, et encore moins quand ils affichent une préférence pour la mobilité électrique à batterie. Il aura donc suffi d’un post sur LinkedIn de Hype pour décréter que c’en était terminé pour le taxi à hydrogène. Ce qui est totalement faux.

Tout le monde reconnaît le mérite de Mathieu Gardies d’avoir lancé en 2015 la première flotte de taxis à hydrogène du monde avec Hype. On le sait, on a assisté au lancement, lors de la CO15 à Paris, Par la suite, l’entreprise a accueilli d’autres actionnaires (dont Air Liquide et Toyota) pour former Hysetco. Une structure permettant de passer à l’échelle. D’autres ont rejoint la société plus tard, comme TotalEnergies.

Hysetco a la plus grosse flotte de taxis H2 à Paris et au monde

La formule a plutôt bien marché puisque la flotte est passée de quelques dizaines à plusieurs centaines de véhicules. Le problème est qu’un divorce (houleux) a fini par intervenir entre Hype et Hysetco. Et que désormais, c’est Hysetco qui a la plus grosse flotte du monde de taxis H2 avec 800 véhicules*, contre 300 pour Hype.

Hype, qui est par ailleurs en difficulté financière (l’entreprise a été placée fin avril en procédure de sauvegarde), doit aujourd’hui payer à Hysetco l’accès aux stations à hydrogène du réseau et les prestations de maintenance. Une situation qui explique aussi le virage vers l’électrique avec de nouveaux partenaires pour redémarrer une autre histoire.

Un acteur qui a participé au démarrage de l’aventure certifie que le modèle économique du taxi à hydrogène est solide. Il permet de régler le problème de la poule et de l’oeuf, en développant simultanément une flotte de véhicules et les stations qui vont avec (au nombre de 8 pour Hysetco, dont celle d’Orly qui a été réaménagée pour délivrer une tonne d’hydrogène par jour). Le chauffeur de taxi dispose dans le cadre d’un leasing d’un véhicule, de son carburant et d’un entretien, en plus de sa licence de taxi. Ajoutons que la société peut aussi proposer en location des véhicules pour les entreprises et accueillir des véhicules lourds dans son réseau.

Un modèle qui va s’exporter

Régulièrement, Hysetco participe à des événements dans toute la France et a déjà fait part de son intention de développer son modèle en dehors de Paris et de l’Ile-de-France. L’entreprise sera à Lyon lundi, pour assister à l’inauguration de la station Hympulsion de l’aéroport de Saint-Exupéry, à la veille des JH2T. Dupliquer le modèle parisien, c’est ce que souhaitait aussi faire Hype initialement (comme au Mans, où une station à hydrogène a été installée) dans l’hydrogène.

L’annonce du retrait de Hype de la mobilité hydrogène à Paris – qui prend des tournures de réglement de comptes – n’augure en rien la fin du taxi à hydrogène. Ce segment de marché va même se développer avec l’arrivée dans la flotte de Hysetco des Toyota Mirai qui avaient été déployées dans le cadre des JO de Paris 2024.L’opérateur estime même pouvoir multiplier par 5 sa flotte dans quelques années.

*Dont ceux de la SLOTA, une compagnie historique de taxis à Paris qui appartient à Hysetco, et non à Hype

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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