L’étrange plainte visant Toyota en Californie

L’étrange plainte visant Toyota en Californie

Relayée par des médias en ligne, et en particulier par des sites militant pour la voiture électrique, une plainte a été déposée en Californie contre Toyota. Elle réclame 5,7 milliards de dollars et accuse le constructeur de fraude concernant des défauts de sécurité sur la Mirai et les stations d’hydrogène.

Sommes-nous face à un Hydrogen gate ou à un délire judiciaire ? Dans un pays où la justice est avant tout une histoire d’argent, il y a comme une surenchère dans cette histoire. Un certain Jo Borras*, écrivant pour Electrek mais pas que (le même article, mot pour mot, a été posté sur d’autres sites), fait état d’une plainte déposée devant la Cour fédérale de justice de Californie. Enregistrée sous le numéro 2:25-cv-09542 et portant le nom de Aminah Kamran v. Toyota Motor Corporation, elle a été déposée par le cabinet Ingber Law Group, basé à Los Angeles. Ce dernier est dirigé par l’avocat Jason Ingber qui semble mener un combat contre les voitures à hydrogène. C’est une rubrique à part entière de son site.

Une Mafia de l’hydrogène ?

L’accusation est grave. Le cabinet d’avocats assimile Toyota à un parrain de la Mafia qui aurait volontairement caché des défauts sur la Mirai et les stations de son partenaire FirstElement Fuel, en faisant référence au RICO Act** qui s’applique au crime organisé. A ce stade, on peut simplement remarquer qu’aucun site sérieux d’information n’a relayé l’affaire. Il n’y a pas eu non plus de réaction de Toyota, ni de FirstElement Fuel. De plus, une recherche sur les défauts liés à la Mirai permet de voir que des rappels ont été faits sur la première génération de Mirai pour des problème de voltage et de perte de puissance. Le dernier rappel en date aux USA concerne…. un problème au niveau de la caméra de recul.

Il est un peu gros de penser que Toyota aurait vendu sciemment des « bombes à retardement » comme l’écrivent les sites qui relaient cette affaire, en se basant sur de prétendus témoignages de techniciens.

Une colère en raison d’un réseau qui se réduit

Ce qui est certain, c’est qu’il y a une exaspération en Californie, liée au réseau de stations à hydrogène. Il y a à la fois des problèmes de fonctionnement (et c’est pour cela que Toyota est visé, à travers son partenaire First Element Fuel qui a constitué le réseau True Zero). On se souvient aussi de la plainte déposée par Iwatani contre Nel pour des défauts cachés sur des stations. D’autre part, certains opérateurs comme Shell ont préféré fermer leurs stations pour voitures, en se recentrant sur la mobilité lourde pour l’hydrogène et l’électrique pour l’automobile.

Visant la période 2016-2025, cette plainte collective surfe sur des mécontentements qui semblent surtout viser le réseau de stations. D’ailleurs, la page actualités du cabinet d’avocats Ingber renvoie vers des reportages de chaînes locales qui font état de l’exaspération de clients qui ont du mal à faire le plein de leur Mirai. Ce qui n’est pas vraiment du fait du constructeur japonais. On est loin du Hydrogen gate dont rêvent certains.

*qui se qualifie de « EV enthusiast »

**Le Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act est une loi fédérale des États-Unis qui prévoit des sanctions pénales étendues et une cause d’action civile pour les délits commis dans le cadre des activités d’une organisation criminelle

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. J'ai collaboré également à la newsletter de France Hydrogène. Et je suis aussi animateur de conférences et de forums dédiés à ce thème.

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