Le bus à hydrogène remis en cause à Pau ? Allons….

A partir d’un article de la Gazette des Communes, un site s’est permis d’écrire que Pau faisait machine arrière sur le bus à hydrogène. Un post qui a mis en ébullition l’écosystème local. Qu’en est-il vraiment ? Hydrogen Today vous donne des éléments de réponse.

Il ne suffit pas d’écrire sur un sujet pour le maîtriser. Encore faut-il connaître les acteurs et prendre le temps de les consulter. Les médias en ligne se contentent bien souvent de faire une recherche Google, de reprendre des éléments d’un article (en copié-collé) et de publier dans la foulée, sans se soucier de savoir si la source est fiable. Et parfois, il y a des éléments de contexte qu’il faut prendre en compte pour bien comprendre la portée d’une information.

Le cas s’est produit cet été quand plusieurs médias ont cru comprendre que le Land de Basse-Saxe abandonnait le train à hydrogène. Ce qui n’est pas le cas. Et personne n’avait pris la peine de contacter Alstom pour vérifier (ce qui est la base du métier de journaliste, pas celle de rédacteur en ligne). Dans l’automobile, sujet que votre serviteur connaît un peu, les médias ont par exemple interprété la décision de Toyota de consacrer plus de moyens dans la batterie comme un abandon de l’hydrogène. Là encore, tout faux.

A la base, un article nuancé fait le point sur Pau

Dans le cas de Pau, un article assez nuancé de la Gazette des Communes indique que « les bus à hydrogène ont fait leurs preuves mais ne correspondent pas à tous les besoins ». « Ils ont transporté cinq millions de passagers sur un million de kilomètres et ont permis d’éviter plus de 1 000 tonnes de CO2 ». « Les huit bus à haut niveau de service – bientôt rejoints par quatre autres – sont solidement installés dans le paysage palois », écrit la journaliste, soulignant que « ces bus assurent le service 99 % du temps ».

Le même papier cite Jérémie ­Neillo, chef d’exploi­tation des transports publics de la communauté d’agglo Pau Béarn Pyrénées. Lequel fait état de difficultés techniques au niveau des bus et de la station. Et il est indiqué ensuite dans l’article que la métropole de Pau compte faire l’acquisition de 8 bus électriques par an pour les dix prochaines années, a priori électriques.

Et à l’arrivée un contresens dans la reprise

La version publiée par ce fameux site en conclut que Pau fait marche arrière et s’oriente vers l’électrique. Autant dire que cela a fait bondir ceux qui ont lancé le projet et qui s’en occupent encore. « Qu’il y ait des problèmes ponctuels, dès lors qu’il s’agit d’une nouvelle technologie, cela n’a rien de surprenant. Mais, ce genre d’article peut faire très mal à la filière », nous a confié un acteur qui connaît bien le projet. Et cet expert souligne au passage que le projet « marche plutôt bien » et avec « le premier modèle 18 m articulé H2 jamais déployé au monde ». Les bus circulent avec un taux de service optimal et la station délivre 200 kilos par jour.

Quant au choix des bus de 12 m à batterie, il faut préciser que ce sont des bus de ville et que l’usage n’est pas le même que pour les lignes où sont utilisés les Febus. Certes, il faut prendre en compte les progrès des batteries électriques – qui sont réels – mais cela ne veut pas dire que le match est plié. D’ailleurs, la métropole de Pau n’a jamais laissé entendre qu’elle arrêtait le bus à hydrogène. Il était même à l’honneur dans le cadre des Journées Hydrogène qui se déroulaient là bas, en juin. La pause dans les investissements est générale et s’explique davantage par des contraintes financières que par une défiance ou une remise en cause de la technologie.

Précisons que l’article n’a pas plu non plus à l’ADEME, qui profitera du salon Hyvolution, en début d’année prochaine pour présenter les chiffres-clés des projets H2.

A Hydrogen Today, nous allons à la source

Suite à un travail journalistique, basé sur des échanges, nous avons suffisamment d’éléments pour écrire ce soir qu’il n’y a pas de marche arrière à Pau sur le bus à hydrogène. Ce sont les politiques qui vont reprendre la main, en matière de communication. Nous espérons d’ailleurs pouvoir partager leur opinion sur ce sujet.

Récemment, un article de Ouest France faisait aussi état de problèmes techniques au Mans sur le bus à hydrogène. Mais, la métropole va continuer dans cette voie. Et parfois, c’est l’inverse qui arrive. Barcelone a essayé les bus électriques à batterie. Ils ont été abandonnés pour l’hydrogène qui était le seul à pouvoir répondre à leurs besoins plus exigeants, notamment du fait de la topographie des lignes concernées.

Sinon, pour des articles de qualité et rédigés avec rigueur, il y a Hydrogen Today.

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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