Monté en épingle, puis explosé en plein vol par un cabinet activiste américain dont c’est la spécialité, l’ex-chouchou de Wall Street est toujours là. Ses camions arrivent prochainement en Europe et il bâtit tout un écosystème aux Etats-Unis.
C’était en septembre 2020. Alors que Wall Street portait aux nues la start-up, fondée en 2015 et alors en plein essor, le cabinet Hindenburg Research publiait un rapport pointant les multiples mensonges de son fondateur et l’accusant d’avoir « induit ses partenaires en erreur (…) en prétendant faussement disposer d’importantes technologies ». Il accusait le fabricant de camions zéro émission de n’être qu’une « vaste fraude complexe ». Nikola était visé pour une vidéo montrant en 2017 un de ses prototypes en action. La polémique a été telle que le président exécutif du groupe, Trevor Milton, a démissionné. Et dans la foulée, il a perdu de précieux alliés dont General Motors et Bosch.
Hindenburg, qui aurait pu aussi attaquer Tesla pour avoir bidonné sa vidéo sur la conduite autonome (mais qui ne l’a pas fait) a eu sa proie. Et tous ceux qui doutent de l’hydrogène ont vu dans cette déchéance le signe que la technologie ne marchera jamais. Pour autant, Nikola est toujours debout. Certes, avec un cours à 2,63 $ à la bourse de New-York, ce n’est pas la folie, mais le constructeur remonte la pente. Le CEO, Michael Lohscheller, est un ancien de l’industrie automobile passé notamment par Volkswagen et Opel. Accessoirement, la société fait travailler 1 500 employés.
Si le siège est à Phoenix, en Arizona, Nikola a aussi un ancrage en Europe, dans le cadre d’une joint-venture avec Iveco basée à Ulm, en Allemagne. C’est là que sera produite la version européenne du Tre FCEV de 800 km d’autonomie, à côté de la version BEV 100 % électrique. Le groupe américain propose en fait une approche globale, qui comprend les camions et les stations qui vont avec (sur le modèle de Tesla et de ses super chargeurs), avec en prime la production d’énergie. A ce propos, Nikola est en train d’organiser un hub autour de Phoenix et de tisser sa toile pour participer à des projets de production d’hydrogène bas carbone aux USA et au Canada. La toute nouvelle filiale Hyla – qui a été récemment présentée devant des transporteurs et des officiels – gère tout ce qui a trait à l’hydrogène, y compris la solution de recharge mobile (avec une capacité de 960 kg d’hydrogène stocké à 700 bars).
S’agissant des produits, Nikola engrange les commandes : 100 camions de la part du groupe GP Joule (un opérateur d’origine allemande, spécialisé dans les énergies renouvelables et producteur d’hydrogène vert) et 75 de la part de Plug en fin d’année dernière. C’est du concret. En ce qui concerne les stations, la firme en annonce 60 pour 2026, les premières devant ouvrir en Californie.
Qu’en pensent Hindenburg Research et ceux qui ont pilonné Nikola à l’époque ?
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