Coopération, indépendance : les ambitions de Bruno Le Maire pour la filière hydrogène

 

Présent à Albi, lors de la première réunion du Conseil National de l’Hydrogène, le ministre de l’Economie a prononcé un discours dans lequel il a fait passer un certain nombre d’idées.

1-Un budget à la hauteur des enjeux

« Sept milliards d’euros, c’est beaucoup d’argent, mais je vais vous dire que c’est une goutte d’eau par rapport à ce qui sera nécessaire pour déployer l’intégralité de la stratégie hydrogène sur les trois prochaines décennies. Nous ne pouvons réussir et nous ne pouvons être à la hauteur de ce que peuvent faire la Chine, la Corée, les Etats-Unis que si nous travaillons ensemble main dans la main entre Européens et en particulier entre la France et l’Allemagne. C’est déjà le cas, et nous travaillons activement avec notre homologue Peter Altmaier », a déclaré en préambule Bruno Le Maire.

2-Pas d’opposition entre le nucléaire et les EnR

Il a évoqué ensuite le sujet de l’hydrogène décarbonée. « Il faut … que la France produise massivement de l’énergie décarbonée. C’est la condition la plus importante pour réussir notre stratégie hydrogène. Sans électricité décarbonée, pas d’hydrogène décarbonée. Nous avons un atout en France, c’est que nous avons du nucléaire ; c’est de l’énergie décarbonée. Le président de la République a été très clair à ce sujet, nous continuerons à nous appuyer sur l’énergie nucléaire pour disposer de l’énergie qui n’émet aucun CO2, et qui permettra de faire tourner les
électrolyseurs qui consomment beaucoup d’énergie. Nous avons besoin aussi, pour avoir cette électricité bas carbone, facilement accessible, bon marché, de déployer massivement de l’énergie renouvelable. Je tiens à dire qu’avec Barbara Pompili, nous travaillons en parfaite intelligence sur ces sujets », a souligné le ministre.

3-L’indépendance de la France

« Nous devons être indépendants sur les technologies de production. Il y a des technologies existantes, les technologies alcalines. Il y a de nouvelles technologies sur lesquelles nous avons des industriels qui sont particulièrement bien placés. Je pense à Arkema, je pense à Solvay, je pense à Michelin, pour produire des membranes échangeuses de protons ; c’est la fameuse technologie électrolyse, avec un élément clé qui sont les membranes. Il faut que nous soyons indépendants sur ce sujet. Il n’est pas question que nous dépendions des technologies étrangères, ou alors c’est toute notre stratégie hydrogène qui perdrait de son sens », a souligné le ministre. « Nous pensons que c’est tout à fait à la portée des industriels français. Il y a d’autres technologies encore
plus innovantes comme les membranes échangeuses d’ions. Je souhaite que nous n’abandonnions pas ces stratégies non plus. Toutes les technologies de rupture, nous devons les explorer », a-t-il estimé.

4-La coopération en Europe et au-delà

« Nous pouvons imaginer demain d’avoir des grands réseaux européens d’hydrogène qui permettent de faire circuler l’hydrogène là où les industries en ont besoin. Si nous nous projetons encore plus loin, nous pouvons imaginer d’avoir des coopérations entre l’Afrique du Nord et le continent européen, avec des lignes à très haute tension qui transporteraient l’énergie propre jusqu’aux électrolyseurs qui ensuite achemineraient l’hydrogène vers les usines qui en auraient besoin. C’est tous ces rêves industriels qu’il faut porter », a dit M. Le Maire.

5-Un levier pour l’économie

« Nous pouvons avec cette stratégie hydrogène créer 100 000 emplois sur les dix prochaines années dans le secteur industriel », estime Bruno Le Maire. Il a également évoqué « l’innovation », avec « de nouvelles chaînes de valeur qui vont garantir l’indépendance du continent européen et de la nation française avec des possibilités d’exportation de carrières dont nous avons bien besoin quand nous voyons la situation de notre balance commerciale extérieure ».

6-Penser le futur

« La France ne peut pas se reposer uniquement sur trois ou quatre grandes filières industrielles qui sont les mêmes depuis trente ans. Il faut en ouvrir de nouvelles », a conclu le ministre de l’Economie.

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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