Destinus : un super Concorde en mode hydrogène ?

La start-up suisse Destinus développe un avion hypersonique à hydrogène. Un projet qui peut sembler fou, et pourtant…

Tout le monde se souvient du Concorde : un avion supersonique qui ne nécessitait que 3 h pour aller de Paris à New York. Il a effectué son dernier vol en 2003, après 27 ans de carrière. Aujourd’hui, quelques acteurs travaillent au retour de ce type d’avion, dont la start-up américaine Boom Supersonic, qui envisage d’utiliser un carburant synthétique.

Mais, il y a encore plus rapide. La start-up Destinus, crée en 2021 par l’entrepreneur et physicien russe Mikhail Kokorich développe un drone qui se veut au croisement entre l’avion et la fusée. Cet engin va utiliser des brûleurs (afterburners) à l’hydrogène. La compagnie a d’ailleurs déjà fait voler deux prototypes (Jungfrau et Eiger) et en prévoit un troisième pour 2024. La promesse est de voler à 5 fois la vitesse du son, ce qui permettrait de faire Francfort-Sydney (en 4h15 au lieu de 20 h) et Tokyo-Memphis (en 3h15 au lieu de 12h45).

La singularité vient aussi du fait que l’avion est autonome. Il sera supervisé à distance par un pilote, susceptible de prendre les commandes en cas de nécessité.

Etablie dans le canton de Vaud, en Suisse, Destinus a aussi des bureaux en France (Paris, Toulouse), en Espagne (Madrid) et en Allemagne (Munich). L’équipe s’étoffe et compte quelques pointures dont Jean-Philippe Girault, un ingénieur qui a notamment officié au centre français de recherche aérospatiale (l’ONERA) et près de 15 années durant chez Safran. La start-up a aussi fait appel à Michel Friedling, ex-général de l’armée de l’Air française qui a pris en premier la tête du Commandement de l’espace (CDE) créé en 2018, et qui est désormais membre du comité stratégique de la start-up. On retrouve également l’astronaute espagnol Pedro Duque.

En 2022, Destinus a levé 29 millions d’euros. Et récemment, elle a bénéficié de deux subventions de la part du gouvernement espagnol, pour un montant de 27 millions d’euros. La jeune pousse, qui revendique une lettre d’intention avec la plateforme Flapper au Brésil pour du fret aérien, est aussi en discussion avec l’aéroport de Rochefort (Charente-Maritime). Elle espère y réaliser des essais et établir une station pilote de production d’hydrogène.

Mais la start-up suisse n’est pas seule sur ce marché. L’américain Venus Aerospace, basé au Texas, planche sur le Stargazer. Cet avion pourrait voler à Mach 9 et parcourir 8 000 km en 1 h.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’hydrogène et l’aviation, vous pouvez consulter la rubrique aéronautique de notre onglet mobilité

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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