Dunkerque croit à l’hydrogène vert

Alors que la ville du Nord doit accueillir du 9 au 11 juin les journées Hydrogène dans les territoires, après avoir hébergé les 22e Assises européennes de la transition énergétique (100 % digitales) en janvier dernier, le site Weka.fr a interrogé l’un des responsables de la communauté urbaine sur la stratégie en matière de transition énergétique. Dunkerque, qui teste depuis des années l’injection d’hydrogène dans le réseau de gaz à travers le projet GRHYD, prévoit plusieurs types d’usage.

En préambule, le site rappelle que le troisième port maritime français est aussi la première plateforme énergétique d’Europe. « Retenue dans le cadre de ’appel à projets « Territoire d’innovation » (qui lui vaut 300 millions d’euros de subventions), et labellisée « Territoire d’industrie », la CUD se diversifie en matière d’énergie. Depuis des années, elle multiplie les initiatives : réseau de récupération de chaleur urbain, réseau de chaleur fatale entre producteurs et consommateurs industriels, « hub » de transformation du CO2, centrale éolienne, thermographie aérienne… », peut-on lire dans cet article.

Comme le précise le site Weka.fr, le dernier développement en date concerne « la production d’hydrogène vert, avec notamment l’usine H2V59 de Power-to-Gas, qui sera implantée sur la zone industrielle du port. Elle produira en masse de l’hydrogène vert par électrolyse de l’eau, avec une électricité à base d’énergie renouvelable garantissant une empreinte carbone nulle : une première mondiale. Sa mise en service, prévue en 2022-2023, devrait générer 70 emplois directs et 100 emplois indirects pour une production de 28 000 tonnes d’hydrogène par an ».

Vient ensuite l’interview.

« Nous projetons de créer une station de production et de distribution d’hydrogène pour alimenter une ligne de bus et les bennes à ordures ménagères », indique Xavier Dairaine, directeur du programme Éco-Gagnant à la communauté urbaine de Dunkerque. Et de préciser : « elle sera alimentée par le centre de valorisation énergétique, créé il y a quelques années pour récupérer l’énergie produite par les déchets (chaleur et électricité). La future station sera également ouverte au public possédant des véhicules individuels roulant à l’hydrogène. Pour cela, nous sommes en train de répondre à un appel à projet de l’Ademe sur le développement d’un écosystème territorial pour la mobilité hydrogène », explique Xavier Dairaine.

Il évoque également dans cet entretien le projet GRHYD* qui est un démonstrateur du développement de l’hydrogène. Celui-ci est introduit dans le réseau gaz naturel, à hauteur de 20 %, pour créer un nouveau gaz – l’Hythane, distribué par Engie, le principal partenaire du projet. « L’Hythane a été testé pour les transports, mais en réalité nous envisageons plutôt de faire rouler une ligne de bus uniquement à l’hydrogène », souligne l’expert de la CUD.

L’interview est aussi l’occasion d’indiquer que l’hydrogène est utilisé pour chauffer des logements. « Entre juin 2018 et mars 2020, l’Hythane a été expérimenté par cent foyers de Cappelle-la-Grande (7 983 habitants), dans un réseau neuf et dans des logements neufs équipés de chaudières à condensation neuves, explique Xavier Dairaine. « J’insiste, car aucune expérimentation n’a été faite dans l’habitat existant pour l’instant », poursuit-il. « Ajouter 20 % d’hydrogène en volume dans le gaz naturel permet d’approvisionner les clients dans les mêmes conditions de sécurité pour les biens et les personnes, avec des avantages environnementaux indéniables : réduction du dioxyde de carbone et de l’oxyde d’azote. Faute de réglementation adaptée, GRHYD a nécessité une autorisation ministérielle spécifique pour distribuer ce gaz hydrogène dans les réseaux d’habitation ; elle s’arrêtait au 31 mars 2020. Et 20 %, c’est la quantité maximum autorisée pour que cette énergie reste un gaz naturel dans la réglementation actuelle. La CUD continue de travailler sur ce projet mobilité hydrogène pour le développer à plus grande échelle », conclut M. Dairaine.

* Gestion des réseaux par injection d’hydrogène pour décarboner les énergies

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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