Trajectoire 2030 : la filière H2 portée par l’industrie

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A la veille de son assemblée générale, le 7 décembre à Paris, France Hydrogène a publié le deuxième volet de son étude Trajectoire Hydrogène 2030. Celle-ci confirme le scénario Ambition + et met en avant le rôle prépondérant de l’industrie par rapport à la mobilité, avec notamment la poussée des molécules de synthèse.

Des confirmations, mais aussi des surprises. Par rapport au premier volet, présenté en septembre 2021 lors des journées H2 de Dunkerque, la nouvelle étude confirme globalement deux chiffres : un volume de 1 070 000 tonnes d’hydrogène en 2030, dont 230 000 tonnes pour la mobilité. En revanche, l’industrie est bien au-dessus des prévisions avec 815 000 tonnes, dont 425 000 tonnes de molécules de synthèse (205 000 t de méthanol et de 165 000 t d’e-fuels pour l’aviation). C’est le point qui étonne le plus. Sinon, on peut relever que la production d’acier décarboné est engagée avec un volume prévisionnel de 250 000 t.

Le secteur de l’énergie semble moins prometteur que prévu. Toutefois, le Président de France Hydrogène, Philippe Boucly, pointe le fait que la crise actuelle rebat les cartes. D’ailleurs, RTE devrait lancer une étude en 2023 pour estimer l’apport de l’hydrogène au réseau électrique. A ce propos, l’éolien en mer et les groupes électrogènes H2 pourraient jouer un rôle.

S’agissant de la mobilité, l’objectif est bien d’atteindre, sinon de dépasser le millier de stations en 2030 (de 1 000 à 1 700 selon France Hydrogène, 900 selon une autre étude réalisée avec la PFA et l’IRT System X). L’objectif intermédiaire est de 225 stations en 2025. Philippe Boucly a indiqué que 230 bus étaient en cours de déploiement et que l’ambition était d’atteindre le seuil du millier. Le Président de France Hydrogène a remarqué que les constructeurs n’étaient pas pressés pour les camions et les bennes à ordures, alors que des acteurs français proposent des utilitaires. L’objectif en France est de sécuriser un volume de 50 000 VUL en 2026, grâce à une combinaison des commandes publiques et privées. M. Boucly a par ailleurs évoqué les trains, qui devraient être au nombre de 250 d’ici la fin de la décennie, dont la plupart transformés par retrofit. Il a aussi été pointé le fait que les écosystèmes restaient de taille modeste, malgré une moyenne de 15 à 25 projets par région. 80 % des volumes seront réalisés à travers 24 projets.

Il faudra prévoir l’infrastructure pour le stockage et la distribution jusqu’aux lieux de consommation. Des équipements spécifiques seront nécessaires pour l’aérien et le maritime lourd, ces deux secteurs hésitant encore entre l’hydrogène et les carburants de synthèse.

Au chapitre de la production, France Hydrogène indique qu’il faudra 50 TWh d’énergies renouvelables, ce qui suppose de développer ces ressources et de faire appel aussi au nucléaire. L’association précise au passage que les volumes d’eau (9 kg pour 1 kg d’hydrogène) ne représenteront que 0,2 % de la consommation globale en France en 2030. Le recours à la biomasse, aux déchets et aux systèmes de production avec séquestration de carbone seront aussi nécessaires pour répondre aux besoins.

L’étude appelle également à finaliser la réglementation, qui est un enjeu majeur pour le développement des projets. Outre le rôle des IPCEI (3 et 4ème vagues), il apparaît nécessaire d’intégrer l’hydrogène bas carbone et de définir des règles d’équité entre l’hydrogène produit localement et celui qui est importé. En France, il faudrait clarifier les définitions pour l’hydrogène renouvelable et bas carbone. Un décret serait aussi nécessaire pour les garanties d’origine et la traçabilité.

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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