Sopna Sury était présente ce matin à la conférence annuelle de France Hydrogène. C’était l’occasion de commenter l’essor de la filière hydrogène en Europe.
Sopna, qui est la responsable de la branche hydrogène du producteur d’électricité allemand RWE, parle un peu français. Et c’est dans la langue de Molière qu’elle a débuté son discours, avant de poursuivre en anglais. Elle a déclaré qu’on vivait une période vibrante et intense avec notamment le Green Deal, qui fixe des objectifs contraignants pour l’hydrogène vert (42 % en 2030, 60 % en 2035). Sopna Sury a évoqué « un signal clair pour l’industrie », mais aussi pour les fournisseurs de carburants qui vont alimenter les secteurs de l’aviation et du transport maritime avec de l’hydrogène vert et ses dérivés.
Ensuite, la Présidente d’Hydrogen Europe a indiqué que les paquets gaz et hydrogène seraient bientôt finalisés. L’autre grande avancée concerne le déploiement des infrastructures, avec les fameux pipelines qui vont permettre de relier les producteurs aux consommateurs. Mais, en tant que Présidente de l’association, et dans le cadre de ses activités, Mme Sury constate que les projets ne se concrétisent pas toujours en termes de décision finale d’investissement. Pour autant, elle a salué des projets qui vont aboutir, comme pour ArcelorMittal à Dunkerque avec le soutien du gouvernement français.
Le coût des énergies renouvelables
« Alors, pourquoi la filière de l’hydrogène n’est-elle pas là où elle devrait se trouver ? », s’est interrogée la Présidente d’Hydrogen Europe. Selon elle, l’une des réponses est l’absence de volonté pour payer chez les consommateurs. « Les coûts vont baisser, c’est sûr, mais pour le moment le coût des énergies renouvelables est assez haut », a-t-elle dit. Et si la France se distingue par ses giga factories, « ce n’est pas le cas partout en Europe ». Elle a ensuite évoqué « la législation, qui doit apporter de la visibilité ». Il s’agit de transposer la directive Red III sur les énergies renouvelables. Mme Sury plaide par ailleurs pour une approche neutre au niveau technologique. « Ce n’est pas une question de couleurs, mais de contenu CO2″, a-t-elle souligné ». Et puis « l’infrastructure est la clé, pas seulement pour les importations mais aussi pour connecter les pays aux frontières ».
Des enchères locales en plus de la Banque de l’hydrogène ?
S’agissant des projets d’intérêt commun retenus par l’Europe, Sopna Sury a précisé que ce n’était pas seulement des projets de tuyaux. Il est également question du stockage de l’hydrogène, et « ce sera bénéfique pour les réseaux électriques car il devient ainsi possible de valoriser les énergies renouvelables ». Le dernier point de son intervention a concerné le financement. Elle a évidemment fait référence aux annonces d’Ursula von der Leyen, lors de la European Hydrogen Week, à propos de la banque de l’hydrogène. « Il faut faire la preuve que c’est un instrument efficace, à travers les premières enchères de 800 millions ». Mme Sury recommande aussi aux gouvernements nationaux de lancer un système d’enchères pour aider des projets locaux. Elle estime que l’Europe a des atouts en termes de technologie et de collaboration. Mais, il faut tenir compte de la concurrence des USA et de la Chine.
Se déclarant « optimiste », la Présidente d’Hydrogen Europe n’a pas manqué de saluer des initiatives françaises comme la station de la porte de Saint-Cloud, la flotte des taxis à hydrogène sur Paris, ou encore le projet Normand’HY, sans oublier la giga factory de Symbio. Le discours s’est terminé par quelques mots en français.