
10 ans après avoir lancé la première flotte de taxis à hydrogène au monde, l’opérateur dénonce le prix de l’hydrogène. critiquant au passage Air Liquide et TotalEnergies, et en creux HySetCo. Hype va basculer vers l’électrique à batterie en région parisienne, tout en essayant de poursuivre des projets avec l’hydrogène en mobilité lourde.
C’est sous la forme d’un post sur LinkedIn, publié hier, que Hype a dégoupillé une grenade au sein de la filière hydrogène. Nous parlons ici d’un pionnier respecté, qui a lancé une flotte de taxis à hydrogène à l’occasion de la COP15 à Paris. On savait que la société dirigée par Mathieu Gardies avait des relations conflictuelles avec Hysetco. Les raisons sont exposées dans ce message.
Hype accuse Air Liquide et TotalEnergies de privilégier « l’hydrogène gris et son alibi le bleu ». Un hydrogène « non vert » dont le prix était de 12€ HT/ kg en 2015, puis de 9 € en 2021, et qui est facturé entre 16 et 18 € HT/ kg aujourd’hui. C’est 2 fois plus cher qu’en 2021, année de l’entrée de TotalEnergies aux côtés d’Air Liquide dans HysetCo et deux fois plus cher que l’hydrogène vert fourni à Bruxelles par DATS 24.
Une oligopole qui maintient des prix hauts ?
« Air Liquide et TotalÉnergies ont en effet réussi à constituer en Ile-de-France une forme d’oligopole, via différentes entités juridiques telles que la startup HysetCo, le fonds Hy24 et la joint-venture TEAL », peut-on lire dans ce message. Hype note au passage que « ces grands groupes annoncent des projets d’investissements colossaux dans l’hydrogène vert, mais lointains et sans engagement de calendrier ».
Le message s’accompagne d’une infographie

L’opérateur historique s’en prend aussi à McPhy, seul acteur français de l’électrolyse, qui « a pris tout le monde de court, et particulièrement ses clients », « en se plaçant subitement en redressement judiciaire ». Et de poursuivre : « il semble que McPhy dispose de dizaines de millions d’euros de trésorerie et de subventions à recevoir », en incitant au passage les pouvoirs publics qui distribuent ces fonds à faire respecter les engagements. Hype est en risque à hauteur de 6 M€ versés à McPhy dans le cadre de 4 projets franciliens, révèle le post.
D’autres projets en France ou ailleurs
En raison du prix élevé de l’hydrogène, l’opérateur « n’est plus en mesure de garantir un chemin réaliste vers l’hydrogène vert en Ile-de-France », et ne veut pas « risquer de servir de caution à d’éventuelles pratiques de greenwashing sur la mobilité hydrogène ». Constatant que « d’autres acteurs dans d’autres pays poursuivent efficacement leur montée en puissance sur l’hydrogène vert », Hype annonce être en discussion pour de nouveaux partenariats en France et ailleurs. De même, il essaiera de développer les projets bus, cars, bennes, tracteurs et véhicules spécialisés, avec des acteurs indépendants et pertinents comme Lhyfe ou B.E. Green.
Pour le moment, Hype va poursuivre avec des utilitaires à hydrogène. Mais dorénavant, « tous nos efforts pour déployer des solutions zéro émission pour les taxis franciliens se porteront dorénavant exclusivement sur le véhicule électrique à batterie ».
Est-ce pour autant la fin du taxi à hydrogène ? HySetco dispose d’une flotte de 800 taxis en Ile-de-France. Et il poursuit son plan de marche avec l’inauguration de la nouvelle station d’Orly (une tonne/jour), prévue le 26 juin.