Jean-Michel Amaré a accordé une interview à Hydrogen Today. Le fondateur et patron d’Atawey se félicite du deal avec McPhy qui permet à l’entreprise savoyarde de devenir leader européen des stations à hydrogène. Il évoque au passage l’écosystème de la région AURA et le contexte lié à la mobilité.
Ce n’était qu’une question de jours, lorsque nous avons croisé le patron d’Atawey, fin juin lors des Journées H2T de Dijon. Et d’ailleurs, Cécilia Fry s’était exprimée sur le sujet dans une vidéo. C’est donc ce matin que l’annonce officielle est tombée. Suite à notre article, nous avons décidé de recueillir quelques réactions à chaud.
Jean-Michel Amaré, McPhy et Atawey avaient annoncé en fin d’année dernière entrer en négociations exclusives. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour arriver à cet accord ?
Nous avons fait l’annonce de négociations exclusives et l’accord a été finalisé fin février. Ensuite, il a fallu 4 mois pour s’organiser. Cela prend du temps pour intégrer les équipes et les outils. En tout cas, on est ravi de cette très belle opportunité. On cherchait le moyen de garantir notre croissance de façon pérenne, avec un doublement voire un triplement de nos résultats. De plus, nous avions déjà engagé un plan de recrutement très soutenu. L’accord nous permet d’intégrer des équipes déjà formées aux métiers de l’hydrogène et des stations. Quand on sait qu’il faut entre 6 et 9 mois pour la formation, c’est un gain de temps énorme.
Quelque part, c’est une façon de conserver en région Auvergne-Rhône-Alpes une forte empreinte hydrogène ?
Oui, car c’est un territoire où tout est parti finalement des recherches du CEA. C’est très bien de garder les compétences dans cette région. Il se trouve que nous sommes deux acteurs de la station à hydrogène implantés sur le territoire, et que tous deux nous nous projetons à l’international. Nous sommes compétiteurs sur le marché, mais en même temps solidaires dès qu’il s’agit de faire valoir auprès des instances publiques les intérêts de la filière hydrogène. Nous sommes en concurrence, mais nous travaillons en bonne intelligence.
Concrètement, qu’est-ce qui change depuis ce matin ?
Le travail mené par les équipes a été remarquable, car à 23h59 hier, 44 salariés ont basculé de McPhy à Atawey. Ils sont arrivés ce matin au travail avec un nouveau PC, une connexion et un accueil sur notre intranet. Ils ont reçu leur carte d’embarquement et je vais d’ailleurs leur rendre visite dès aujourd’hui.
Vous aviez déjà entrepris un développement à l’international. Quelles sont les perspectives ?
On se retrouve avec un réseau de 70 stations, avec les anciennes de McPhy et les nôtres. Pour le moment, on se concentre sur l’Europe. Nous avons déjà une empreinte en Europe du Sud avec l’Espagne, le Portugal et désormais l’Italie où nous allons ouvrir notre première station hors de France. Et puis nous visons désormais l’Europe du Nord avec une nouvelle filiale aux Pays-Bas qui va nous permettre de cibler le Benelux et l’Allemagne.
En raison des élections européennes, et du contexte politique français, la filière navigue à vue. Espérez-vous du soutien de la part des futurs dirigeants, et en particulier dans la mobilité ?
Il y a un besoin d’assurer la continuité de l’Etat. D’énormes efforts ont été consenti pour financer des giga factories. Mais il faut aussi soutenir le marché et les usages, de façon à ce que les usines tournent à plein régime. Le risque est de perdre notre avance technologique et de laisser la porte ouverte à des composants et équipements venant des Etats-Unis et d’Asie. Il faut préserver nos activités industrielles.
On assiste à un violent bashing anti H2, notamment dans la mobilité. Qu’en pensez-vous ?
Il ne faut pas se leurrer, la batterie n’est pas une solution miracle. C’est faux et illusoire. Il y a une complémentarité des usages et ce sont des utilisateurs de véhicules électriques qui le disent. Pour une partie des usages, et notamment intensifs, l’hydrogène est une réponse. Il faut penser en termes d’usages et pas seulement sur la base de solutions technologiques. Ce mouvement de bashing est coordonné, mais il y a en face une réalité : celle de la complémentarité des usages.
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