La stratégie de Bruxelles dans l’hydrogène jugée irréaliste (et pas que) par la Cour des Comptes européenne

La semaine a été marquée par un rapport très critique sur la stratégie de la Commission Européenne. C’est du pain bénit pour les opposants à l’hydrogène. La filière estime pour sa part qu’il y a eu des avancées depuis 4 ans mais qu’il faut mieux s’organiser.

Dans un rapport au vitriol publié jeudi, la haute instance juge que les objectifs de la stratégie hydrogène de la Commission « étaient dictés par une volonté politique, sans reposer sur une analyse rigoureuse ». On peut lire le rapport ici. Le document s’étale sur une centaine de pages. Bruxelles avait publié sa stratégie hydrogène à la mi-2020, puis l’avait complétée en 2022 avec encore plus d’ambition, via le plan REPowerEU. Mais pour la Cour, le compte n’y est pas. « La Commission a fixé des objectifs trop ambitieux concernant la production et l’importation d’hydrogène renouvelable, censées atteindre chacune 10 millions de tonnes d’ici à 2030 », conclut donc le rapport.

Une réaction politique par rapport à l’Ukraine

Fort de ce constat, la Cour des comptes bruxelloise enjoint la Commission de « mettre à jour sa stratégie de l’hydrogène – qualifiée d’irréaliste – sur la base d’une évaluation minutieuse ». Et de planter le clou en disant que les objectifs initiaux « étaient dictés par une volonté politique, sans reposer sur une analyse rigoureuse ». Le rapport pointe que « les ambitions divergentes des États membres » ne sont pas « toujours alignées sur les objectifs ». Par ailleurs, les financements de l’UE (18,8 milliards d’euros pour la période 2021-2027) sont éparpillés sur plusieurs programmes, compliquant le choix pour les entreprises.

Invité à réagir sur BFM Business, le Président de France Hydrogène, Philippe Boucly, estime que l’Europe « doit mieux s’organiser ». S’il est d’accord avec le constat, il a tenu cependant à rappeler que beaucoup a été fait au niveau européen depuis 4 ans avec une stratégie, des textes réglementaires et des réalisations, notamment en matière de mobilité avec les bus à hydrogène et également dans l’industrie avec l’acier décarboné. Dans cet entretien, M. Boucly parle d’un coup de com’ quelques mois après l’agression de l’Ukraine avec des objectifs qui n’ont pas fait l’objet d’études d’impact.

S’agissant de la manière d’atteindre les objectifs, l’association avait déjà fait part de ses propositions dans un manifeste, publié en mai. Et le Président de France Hydrogène appelle de ses voeux un « guichet unique » pour les financements.

Pour sa part, le CEO de Hydrogen Europe, Jorgo Chatzimarkakis, a pris le parti de prendre la parole à travers une vidéo, visible sur LinkedIn. Il aborde à la fois la réélection d’Ursula von der Leyen et bien sûr le rapport de la Cour. Il estime que c’est un bon mode d’emploi pour la future Commission Européenne, en insistant sur l’urgence d’avancer sur l’hydrogène bas carbone.

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