Hydrogène : Plastic Omnium engrange une méga-commande
A l’occasion d’une rencontre avec les médias, les dirigeants de l’équipementier automobile ont fait le point sur la stratégie dans l’hydrogène. Les commandes sont au rendez-vous, avec un marché qui se structure de façon égale entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie. Ces deux dernières régions du monde avancent bien plus vite que chez nous.
Il a été question de la voiture à hydrogène ce matin. Et forcément, Marc Perraudin, le responsable l’activité nouvelles énergies chez PO, n’a pas manqué de faire allusion au documentaire d’Hugo Clément sur France 5. « On n’a jamais dit que la voiture à hydrogène allait remplacer toutes les voitures thermiques, ni qu’il fallait recouvrir les départements de panneaux solaires », a-t-il indiqué en préambule. Plus sérieusement, Plastic Omnium fait partie des fournisseurs qui croient que la voiture à hydrogène a un avenir, même si sa part sera limitée. La prise de commandes dans ce domaine ne représente que 1 % à ce jour, mais les démarrages en série sont prévus à partir de 2028 pour des véhicules de type gros SUV. D’ici 2030, l’équipementier pense que la mobilité hydrogène représentera 2 % des ventes de véhicules neufs, dont 35 % de voitures et 65 % de véhicules commerciaux (bus, camions).
Les coûts vont baisser
A cet horizon, PO estime que les coûts auront été abaissés à 7 000 euros pour la voiture (2 000 euros pour le stockage, 5 000 euros pour la pile) et 70 000 euros pour le camion. L’hydrogène sera donc compétitif et pourra prendre sa part dans le mix, en complément de la batterie qui sera a priori majoritaire dans l’automobile, même si l’équipementier pense que le moteur à combustion va encore survivre un certain temps.
Une méga-commande aux Etats-Unis
« Ce qui change, c’est que nous ajoutons un zéro tous les ans pour les prises de commandes », a également annoncé Marc Perraudin, recueillant l’approbation de Laurent Favre, le Directeur Général du groupe. Plastic Omnium totalise à ce jour des intentions de commandes dans l’hydrogène pour un montant de 4 milliards d’euros, dont un contrat de 2,4 milliards avec un client américain. Cette méga-commande porte sur des réservoirs, destinés à être intégrés à bord de pick-ups.
Lors de ce point presse, Laurent Favre et Marc Perraudin ont insisté sur le dynamisme du marché américain. Grâce à l’IRA (Inflation Reduction Act), les industriels sont attirés par les subventions. Et PO entend profiter de cette manne pour implanter une deuxième usine de réservoirs aux USA, un premier site étant dévolu à Ford dans le Michigan, dans le cadre d’un programme visant à adapter des pick-up. « Les Big Three (les trois constructeurs historiques américains) ont annoncé leur intention de passer à l’hydrogène pour les pick-ups », a indiqué Laurent Favre. Et si jusqu’à présent, les commandes portaient sur des volumes de 10 000 pièces par an avec des clients comme par exemple Hyvia ou Stellantis en Europe, ce sont plusieurs dizaines de milliers de véhicules qu’il va falloir équiper.
Gros potentiel pour le camion à hydrogène
L’autre débouché est le camion. Alors que Daimler Truck et Volvo Group ont déjà confirmé leur intention de lancer des camions à hydrogène avant 2030, c’est au tour du groupe Traton (filiale de Volkswagen, avec ses marques Scania et MAN) de se diversifier en attendant d’autres. Un duel s’annonce avec le camion à batteries, porté par Tesla et quelques autres compétiteurs, mais Plastic Omnium pense avoir fait le bon choix en misant* sur l’hydrogène. Une stratégie validée par les commandes. le groupe dispose d’une nouvelle pile de 150 kW dont deux exemplaires pourront être intégrés pour fournir la puissance suffisante dans les camions.
En lice sur d’autres marchés
Un autre marché potentiel est le retrofit, pour les bus par exemple. Un accord a été conclu en ce sens avec Safra (voir notre article). Et l’équipementier peut également valoriser ses technologies (la pile dans le cadre de sa coentreprise EKPO avec ElringKlinger et les réservoirs) dans les trains. Partenaire d’Alstom-Bombardier, PO se réjouit de voir de plus en plus de constructeurs s’intéresser à l’hydrogène pour le transport régional sur les lignes non électrifiées.
*En cumulé, Plastic Omnium a investi 376 millions d’euros. Il entend continuer à dépenser 100 millions par an, sachant que les commandes doublent chaque année et que l’objectif est de gagner 3 milliards par an dans l’hydrogène à partir de 2030.