VW et Tesla critiquent l’hydrogène… mais ils sont bien seuls

Le Twittos compulsif qu’est devenu Herbert Diess, le patron de Volkswagen, n’a toujours pas réagi aux annonces de l’Allemagne qui comptabilise déjà 62 projets de type IPCEI* pour l’hydrogène.  Ce qui est bien plus que ceux en lien avec les batteries.

Le plus embêtant pour le dirigeant allemand est que certains projets concernent la mobilité, dont celle des voitures. Voilà qui contredit clairement ses déclarations péremptoires. Sa dernière charge sur l’hydrogène remonte au 18 mai. Il citait alors une étude de l’université de Potsdam** mettant en cause le bilan énergétique de l’hydrogène. Et dans ce même tweet, il interpellait plusieurs personnalités, dont Armin Laschet, ministre Président de Rhénanie du Nord Westphalie ; Olaf Scholz, ministre des finances ; Andreas Scheuer, ministre des transports ; et Annalena Baerbock, une écologiste qui vise la place d’Angela Merkel.

Deux jours plus tard, le 20 mai, en réponse à un tweet de Teslarati (un media en ligne pro Tesla évidemment), Elon Musk écrivait : « Diess is right. Hydrogen is a staggeringly dumb form of energy storage for cars. Barely worth considering it for a rocket upper stage, which is its most compelling use ». En gros, l’hydrogène est une c… pour le stockage et n’est bon que pour un étage supérieur de fusée.

Rien de très nouveau sous le soleil. Herbert Diess, qui a investi très lourdement dans la batterie, serait dans une situation très inconfortable si la Commission révisait son jugement sur l’électrique. Quant à Elon Musk, qui entretient de bons rapports avec le PDG de Volkswagen (il a failli l’embaucher à une époque), c’est son fonds de commerce.

Mais au fait, qui a pris la peine de lire l’étude de l’université de Potsdam ? Si on consulte ce qu’écrit le Handelsblatt, il est indiqué que « l’hydrogène pourrait jouer un rôle central dans la transformation de notre économie énergétique en neutralité climatique ». Toutefois, « ce ne serait pas la bonne façon, au moins à moyen terme, d’utiliser le gaz et les e-fuels (carburants synthétiques obtenus par hydrogène pour les moteurs thermiques) pour la propulsion des voitures particulières ». En vérité, les scientifiques s’interrogent plutôt sur la disponibilité de l’hydrogène, qui ne pourrait pas pallier les carburants fossiles, « au moins pendant la prochaine décennie ».

Ce n’est donc pas aussi négatif que Diess veut bien le dire. En fait, on sent que le patron de Volkswagen a la trouille. Imagine-t-on le boss d’un constructeur comme Renault interpeller Bruno Le Maire et lui dire en substance qu’il se plante ? C’est pourtant ce qu’a fait Herbert Diess. Avec zéro résultat. Mais, ça fait écrire les sites pro-batterie. On s’amuse comme on peut…

*Projets d’intérêt commun en Europe

**Publiée par le Handeslblatt, l’étude a été réalisée par l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (PIK)

 

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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