Dijon croit toujours à l’hydrogène pour la mobilité lourde et les flottes captives

Dijon métropole BOM hydrogène

En raison de retards et d’évolutions technologiques, Dijon métropole a revu le périmètre de son projet Hydrogène. Mais il y aura des bus à hydrogène dès cette année, venant s’ajouter aux premières bennes à ordures ménagères (BOM). Le projet reste plus que jamais une vitrine alors que Dijon s’apprête à accueillir les Journées Hydrogène dans les Territoires, du 25 au 27 juin.

Lancé en 2019, le projet hydrogène de la métropole de Dijon est mené à travers la coentreprise DMSE (Dijon Métropole Smart Energy), qui associe Inthy (ex-Rougeot Energie), Engie, Suez et Keolis. Initialement, l’ambition était de déployer 42 BOM et 180 bus à hydrogène à l’horizon 2030. Des chiffres qui ont été revus à la baisse, puisque l’on parle de 22 BOM et de 50 bus à hydrogène pour 2026.

En fin d’année dernière, Dijon a réceptionné sa première benne à ordures ménagères à l’hydrogène. Elles sont au nombre de deux et seront deux de plus d’ici quelques mois. Il est important de préciser que ces véhicules peuvent déjà faire le plein à la première station du territoire.

Déjà une première station

Il s’agit de la station « Nord », qui sera officiellement mise en service en juin. Fournie par McPhy, elle aura une capacité quotidienne de production de 440 kg d’hydrogène, qui pourra passer à une tonne avec la construction d’une extension. C’est a priori la seule en France à produire de l’hydrogène par électrolyse, avec une électricité renouvelable, générée par la valorisation énergétique des déchets ménagers. Le complément de l’électricité verte produite par une ferme photovoltaïque voisine.

« Nous sommes en période de test et de calage », indique Jean-Patrick Masson, Vice-président de la métropole, délégué à la transition écologique, les déchets, ainsi que les énergies renouvelables (hydrogène et photovoltaïque). Il se félicite de ce cercle vertueux avec des bennes à ordures qui ramassent des déchets dont le traitement permet de produire de l’énergie propre pour alimenter à leur tour ces véhicules de collecte. Et M. Masson révèle au passage que des études vont être lancées pour la seconde station à hydrogène (station « Sud »), prévue pour 2025 et qui servira à faire le plein des bus.

Dijon hydrogène

Une incertitude pour les livraisons de bus en raison de la faillite de Van Hool

C’est justement ce point qui pose problème en ce moment. La métropole de Dijon avait commandé 16 bus à hydrogène, mais entre temps le fabricant Van Hool* a fait faillite. « Nos bus ont été produits et la livraison était prévue à partir du 1er mai », regrette M. Masson. « On était dans les temps, mais on doit attendre qu’un tribunal belge statue », poursuit-il. Dijon est dans l’incertitude car il n’est pas garanti que le repreneur puisse assurer la maintenance qui était prévue. La métropole envisage éventuellement de refaire un appel d’offres. « De toute façon, il y aura des bus à hydrogène d’ici la fin de l’année à Dijon », assure notre expert. Dijon a en effet lancé un autre appel d’offres pour 12 bus articulés à hydrogène, pour lequel elle a reçu plusieurs candidatures.

Ces péripéties et les retards ont amené la métropole à revoir sa stratégie. « En 2019, quand on a lancé le projet, on visait 2032 avec une flotte de bus 100 % à l’hydrogène car la technologie nous paraissait évidente », explique Jean-Patrick Masson. « Mais entre temps, les batteries ont fait des progrès et il y a eu aussi des évolutions dans l’hydrogène, avec la possibilité de l’utiliser comme carburant sur des moteurs thermiques », poursuit-il.

Vers un mix électrique et hydrogène

Du coup, Dijon va plutôt s’orienter vers un mix énergétique, en fonction des usages avec de l’électrique et de l’hydrogène. « On veut décarboner notre flotte de transport public avec des énergies locales et nous croyons que l’hydrogène est une réponse adaptée aux véhicules lourds et aux flottes captives », insiste le Vice-Président de la métropole. S’agissant des bennes à ordures, il y a un quasi-monopole pour bénéficier de véhicules à l’hydrogène. Mais là aussi, c’est en train de changer. « Nous étudions les offres alternatives », glisse M. Masson.

En résumé, pas de remise en cause de l’hydrogène à Dijon. Le calendrier et le périmètre ont été revus en fonction de facteurs qui ne dépendent pas de la volonté politique.

*Celui qui fournit également la ville de Pau

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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