Webinaire sur l’hydrogène au Mans : l’expérience de l’ACO pourrait bénéficier à la voiture de série

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Webinaire sur l’hydrogène au Mans : l’expérience de l’ACO pourrait bénéficier à la voiture de série

Organisé par le pôle Véhicule du Futur, un webinaire a permis à l’ACO de préciser sa stratégie en prévision d’une future catégorie hydrogène au Mans. Le savoir-faire accumulé pourrait bénéficier aux constructeurs.

En présence de Bernard Niclot, directeur technique à l’ACO, et de Carole Capitaine, en charge de la communication sur l’hydrogène, ce webinaire a permis de passer en revue les défis qui se présentent afin de mettre en place une catégorie à l’hydrogène. Le contexte a bien changé depuis l’introduction en 2018 du prototype LMPH2G de MissionH24, avec une pile à combustible. Et c’est 10 ans plus tard, en 2028, que devrait entrer en vigueur la future catégorie H2, avec un choix plus ouvert entre pile et moteur à hydrogène.

Un partage d’expérience

Animé par Bruno Jamet, l’expert en énergie et propulsion du pôle Véhicule du Futur, ce webinaire était organisé deux semaines après des 24 h du Mans mémorables. En introduction, Bernard Niclot a rappelé que la volonté de l’ACO était d’aller au-delà du garage 56 (réservé aux projets innovants) et de créer une véritable catégorie. La voiture de course GreenGT H2, ancêtre de MissionH24, aurait pu être la première à rouler à l’hydrogène, mais à l’époque elle n’était « pas au niveau ». Il y a eu d’abord MissonH24 en 2018, puis la H24 en 2021. Cette voiture de course a permis de gagner 10 secondes au tour.

En charge de la communication, Carole Capitaine est venue expliquer que le terme MissionH24 a une signification. « Mission, ça veut dire qu’on sait où on va ». Par ailleurs, poursuit-elle, « notre rôle de pionnier permet de partager les différentes étapes d’avancées et de réflexions avec les médias et le public ». Elle a évoqué la technologie de la voiture (pile à combustible, hydrogène gazeux), mais également le contexte qui va autour (réglement sportif, sécurité, infrastructures d’avitaillement). « Notre démarche est claire et collaborative », a indiqué par ailleurs la communicante de l’ACO, qui a fait référence au Village Hydrogène du Mans, dont la taille grossit chaque année.

Un passage à l’hydrogène liquide

Bernard Niclot a repris ensuite la parole pour parler de la H24 EVO. Avec cette évolution, embarquant une pile de 300 kW, l’objectif est de rivaliser avec les meilleures GT3 et même de taquiner les hypercars avec un objectif de 3 mn 30 sur un tour (de 13 km) et une autonomie de 10 tours en course, avec 12 kg d’hydrogène. Pour le moment, le cahier des charges est de faire un plein en 2 mn. Ce temps s’explique par une contrainte technique : la compression de l’hydrogène fait monter la température jusqu’à 85 degrés.

Par ailleurs, le poids de 1500 kg limite un peu le potentiel en course. C’est la raison pour laquelle le passage à l’hydrogène liquide sera plus commode. La densité va doubler et le temps de remplissage devrait redescendre à 1 mn seulement. Même si l’hydrogène liquide pose d’autres problèmes, c’est de toute façon le choix de la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile). Après 2026, a-t-on appris, il ne sera pas possible de faire homologuer des véhicules de course autrement qu’avec de l’hydrogène liquide.

Compétition ouverte en 2028

Quant au moteur à hydrogène, il fera partie de l’équation. En 2018, personne n’en parlait à part Ulrich Bartezky d’Audi Sport. Mais, depuis 2021, le sujet est monté en flèche. La technologie pèse moins lourd, mais il faut encore régler le problème du dioxyde d’azote (les NOx). En 2028, il y aura les deux technologies, certains constructeurs explorant aussi la pile avec d’autres fournisseurs que Symbio.

L’intérêt de ce webinaire, c’est d’avoir mis en lumière l’apport de l’ACO pour le monde de l’automobile. On sait que depuis plus d’un siècle, la compétition fait avancer la production de série. Par exemple, le test balistique pratiqué sur le réservoir de la H24 (un impact à 400 km/h, sur un réservoir à 8 bars et gonflé à l’hélium, qui ne doit pas montrer de signes de fuite) est plus sévère que le tir à la carabine qui est pratiqué sur un réservoir de type IV.  » Fruit d’une collaboration entre OpMobility et la FIA, ce test pourrait être appliqué pour la voiture de route », affirme Bernard Niclot.

Plus globalement, l’ACO estime avoir accumulé sur l’hydrogène un savoir-faire et une expérience qui pourraient intéresser les constructeurs automobiles.

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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