« Une place de premier ordre pour le moteur hydrogène en compétition » ? (interview)

moteur à hydrogène Bosch Engineering

La table ronde sur la compétition automobile sera le point d’orgue de l’événement Le Mans Hydrogène. On y parlera entre autres du moteur à hydrogène, un thème que pousse un français chez Bosch Engineering (partenaire d’Alpine, Ligier Automotive et GCK). Lionel Martin répond à Hydrogen Today sur les enjeux liés à cette solution.

Bosch Engineering semble être le partenaire de référence du moteur à hydrogène dans la compétition automobile. A quand remonte la réflexion sur les applications hautes performances ? Et en quoi la course représente une vitrine pour la filière hydrogène ?

Après avoir gagné de l’expérience à partir de 2016 sur différents moteurs pour véhicules commerciaux, nous avons démarré nos réflexions sur les applications hautes performances fin 2019. Les propriétés avantageuses de l’hydrogène, en plus d’être sans atomes de carbone, permettaient en théorie par rapport à l’essence : une puissance spécifique au moins équivalente, voire plus élevée ; des régimes au moins aussi élevés ; un meilleur rendement ; et à des coûts similaires pour le moteur. Nous avons alors décidé d’analyser ce potentiel énorme en interne sur un propre moteur. Le 16 décembre 2021, nous démarrions notre V6 sur notre banc moteur adapté à l’hydrogène, un moment inoubliable avec le sentiment de donner un avenir au moteur haute performance.

La compétition est là pour démontrer et développer des nouvelles technologies propres tout en cherchant le maximum de performance, rendement et sécurité. De plus, une infrastructure hydrogène locale est suffisante sur circuit. La course donne donc la meilleure vitrine pour la filière hydrogène dans les toutes prochaines années.

L’injection d’hydrogène dans les moteurs de course est-il le moyen de préserver les sensations du monde d’avant et de réduire au passage la pollution et le rejet de CO2 ?

L’injection d’hydrogène est la seule alternative permettant de garder les émotions, le son, les vibrations tant aimés par les fans de sport auto, tout en ayant presque aucun rejet d’émissions carbonées. C’est pourquoi je suis convaincu qu’elle aura une place de premier ordre dans l’avenir de la compétition automobile.

Que pensez-vous de l’ouverture de la catégorie hydrogène des 24 h du Mans au moteur à hydrogène ? Est-ce le moyen d’attirer plus de constructeurs ou de structures privées à s’engager dans ce défi ?

L’ouverture de la catégorie Hypercar au moteur hydrogène est la décision la plus fantastique qui pouvait arriver au moteur thermique et à la filière hydrogène. Depuis cette annonce faite par l’ACO en juin, de nombreux constructeurs ont intensifié le contact avec nos équipes de Bosch Motorsport et évaluent leurs potentielles participations au 24h avec un moteur hydrogène.

L’arrivée de cette technologie au Mans va aussi permettre de développer des systèmes de stockage d’hydrogène avec un meilleur rendement volumétrique et une meilleure intégration dans le véhicule, que ce soit tout d’abord gazeux à 700 bar puis, spécifiquement pour la compétition, liquide. C’est un élément clé pour l’avenir de l’hydrogène dans des véhicules haute performance.

Les progrès enregistrés sur piste pourront-ils se retrouver ensuite dans des véhicules sportifs sur la route ?

Nous limitons actuellement nos développements au sport automobile. Cependant, il est concevable que cette technologie puisse également être adaptée pour les voitures de sport. Il y aura très certainement une demande pour des voitures de sport émotionnelles et encore légères, se démarquant du mainstream de la voiture électrique.

Vous voulez en savoir plus sur Bosch Engineering et le moteur à hydrogène ? Alors nos 2 derniers articles sur le sujet devraient vous intéresser. Vous pouvez lire sur Bosch Engineering ici et sur le moteur à hydrogène .

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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