Moteur thermique à hydrogène : la France a-t-elle loupé le coche ?

Moteur thermique à hydrogène : la France a-t-elle loupé le coche ?

Dans le cadre du colloque H2 au Centre à Dreux, la question du moteur thermique s’est invitée lors des débats. La France semble faire un blocage, alors que d’autres pays sont plus pragmatiques.

L’événement a commencé par une présentation de la stratégie révisée de l’hydrogène. Et celui qui s’y est collé, un représentant de la DREETS régionale, Eric Lefèvre, a précisé que les appels à projets excluaient justement le moteur à hydrogène. Une interdiction qui est mal vécue en région Centre, où il existe une véritable expertise au sein de l’Université d’Orléans et à Blois chez Phinia (ex-Borgwarner). Assise au premier rang, la Vice-Présidente de la région en charge de l’enseignement supérieur, a montré son mécontentement à ce sujet. Le Centre Val de Loire mène actuellement une réflexion pour accompagner le développement de la technologie.

L’échec de l’appel à projets sur les utilitaires, perturbé par le retrait de Stellantis de ce marché, met en exergue l’opportunité que représenterait le moteur H2 sur de tels véhicules. Il y a quelques semaines, à Nancy, Hyseto avait indiqué être attentif à des offres dans ce domaine, en alternative aux VUL à pile Symbio que fournissait justement le groupe franco-italo-américain.

Une évidence dans le camion

Un peu plus tard, c’est le représentant de Teal Mobility, Alexis Tronchet, qui a remis le sujet sur la table. Il a indiqué que MAN avait mis en Allemagne un camion avec un moteur thermique H2 en circulation. « Aucun constructeur de camion en Europe ne fait l’impasse sur l’hydrogène », a-t-il révélé, en précisant au passage que « certains acteurs privilégiaient plutôt le moteur à combustion ». Pour Alexis Tronchet, la France a perdu au moins deux ans en voulant se focaliser avant tout sur la pile à combustible.

Alors que Phinia a été primé dans le cadre du salon Equip Auto**, qui s’ouvre la semaine prochaine, avec une technologie qui fonctionne aussi bien sur les utilitaires qu’en compétition, et que GCK s’attaque au retrofit d’autocars avec cette technologie (avec sa division Solution F), les pouvoirs publics seraient inspirés de regarder autrement ce dossier. D’autant qu’il peut y avoir d’autres usages (engins non routiers, de chantier). Mais, il faudrait déjà avoir un gouvernement.

*Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités

**Où une conférence sur l’hydrogène est prévue le 15 octobre, pour parler à la fois de pile et de moteur H2

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à propos de l'auteur

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Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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