Sylfen prépare l’industrialisation de sa technologie avec beaucoup de cas d’usage dans le bâtiment

Sylfen

Hydrogen Today a fait le point avec Nicolas Bardi, le président de l’entreprise. Sylfen, PME issue du CEA, produit avec le même équipement de l’hydrogène, de l’électricité ou de la chaleur. Et elle prépare activement une nouvelle phase, celle de l’industrialisation.

On parle rarement des applications de l’hydrogène dans le bâtiment. Or, il y a un gros potentiel, comme on le verra juste après. Le fait est que le sujet commence à émerger et France Hydrogène y a consacré un rapport, publié à l’occasion de Hyvolution. « On est ravi », commente Nicolas Bardi. Cet ingénieur en profite pour souligner qu’on évoque souvent les besoins des grandes usines, mais qu’il existe de nombreux besoins à satisfaire. « L’hydrogène peut contribuer à réduire la facture d’électricité pour de nombreux bâtiments, comme les bureaux, les lycées, les Ehpad, mais aussi les gymnases, ou encore les établissements de loisirs », indique-t-il. Et il a une solution pour fournir de l’électricité, du chaud et du froid.

Un système flexible qui gère le mix énergétique

Revenons d’abord sur la technologie de Sylfen, qui a pour nom Smart energy hub. Il s’agit d’un électrolyseur haute température totalement réversible, qui peut aussi être utilisé comme pile à combustible. Il suffit de quelques minutes pour passer d’un mode à l’autre. Concrètement, le système peut se combiner avec des panneaux solaires et des batteries. En fonction des besoins, l’électricité va être stockée dans les batteries pour être redistribuée quelques heures après, ou générer de l’hydrogène par électrolyse pour un stockage saisonnier (par exemple l’été, quand un gymnase n’est plus occupé, mais peut continuer à produire de l’énergie).

L’un des avantages de la technologie est de générer de la chaleur, qui peut être utilisée pour le circuit d’eau. Par ailleurs, Sylfen a développé un tiroir amovible qui permet d’intégrer différents types de stacks SOFC. Cela permet de faciliter la maintenance, en remplaçant juste les éléments défectueux en cas de panne. Par ailleurs, la PME a une expertise sur le logiciel et la Big Data, avec des modélisations précises sur le mix énergétique.

Sylfen veut s’entourer de partenaires

Créée en 2015, la société a été soutenue par BPIFrance. Et elle a levé en mai 2022 10 millions d’euros. « L’entreprise connaît une transition profonde et a besoin de sang neuf », reconnaît Nicolas Bardi. « Après une phase de recherche et de développement, notre technologie est prête pour l’industrialisation avec un produit 10 fois plus puissant. Nous souhaitons nous entourer de partenaires afin d’intégrer des briques industrielles », explique-t-il. Sylfen prépare aussi une nouvelle levée de fonds.

Convaincu de pouvoir répondre à de nombreux cas d’usages, notamment auprès des collectivités locales, le dirigeant pense que certains pays sont plus mûrs pour adopter sa technologie. Il pense notamment à l’Espagne, en pointe sur les énergies renouvelables et ouverte aux chaudières à hydrogène (avec lesquelles son système est compatible). Les pays qui ont adopté le chauffage à gaz (Italie, Allemagne, Royaume-Uni) sont également porteurs. En raison de son électricité décarbonée et de la présence de pompes à chaleur, la France est moins encline au changement. Néanmoins, Sylfen se sent bien dans l’hexagone, dans ses locaux du Cheylas en Isère. Et Nicolas Bardi estime que sa solution y a aussi un avenir, car elle permet de « reprendre la main sur le mix énergétique ».

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à propos de l'auteur

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud

Journaliste automobile depuis plus de 30 ans, suivant les évolutions technologiques, je m'intéresse aussi aux énergies alternatives, dont l'hydrogène que je suis depuis 20 ans. J'ai co-écrit un ouvrage à ce sujet en 2007 avec Pierre Beuzit, ancien patron de la R&D chez Renault. Je collabore également depuis 2016 à la newsletter de France Hydrogène.

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