Réélue par 401 voix, sur un total de 719 parlementaires européens, Ursula Von der Leyen est de nouveau à la tête de la Commission Européenne. Elle défend toujours une neutralité carbone, mais elle ouvre un peu plus la porte aux carburants de synthèse.
Lors de la présentation de sa candidature, l’allemande a défendu la technologie des carburants de synthèse pour atteindre l’objectif de neutralité climatique des automobiles en 2035. C’est un moyen de prolonger l’utilisation des moteurs thermiques, mais sans carburants fossiles. L’Union européenne avait validé au printemps 2023 l’obligation imposée aux voitures neuves de ne plus émettre aucune émission de CO2. Cette disposition signifiait en principe la fin des motorisations essence, Diesel et hybrides, au profit du tout électrique.
Toutefois, l’Allemagne et sa puissante industrie automobile avaient réclamé et obtenu que la Commission européenne s’engage à ouvrir la voie aux carburants de synthèse, estimant que cette technologie remplirait l’objectif de zéro émission de CO2 tout en préservant une place pour les motorisations thermiques, filière d’excellence européenne.
Mme Von der Leyen a confirmé cette concession faite à l’industrie, dans un document sur les orientations politiques de la prochaine Commission pour la période 2024-2029. La réalisation de « l’objectif de neutralité climatique » pour les voitures en 2035 « nécessitera une approche neutre sur le plan technologique, dans laquelle les carburants de synthèse auront un rôle à jouer », stipule le document publié jeudi.
Evidemment, l’association Transport & Environment critique ce virage. Les ONG estiment énergivore la production des e-fuels à partir de CO2 et d’hydrogène, qu’ils voudraient réserver au transport maritime et à l’aviation. Il est de bon ton de minimiser l’apport des e-fuels et de parler de niche, en faisant allusion à Porsche et Ferrari. Mais, c’est une posture. En Europe, Renault et Stellantis s’y intéressent aussi.
Les e-fuels sont aussi portés par la FIA en compétition automobile pour la F1 à partir de 2026 et un autre ambassadeur est Toyota. Le géant japonais, que les mêmes ONG critiquent pour ne pas céder aux sirènes du tout électrique, va justement profiter des JO pour mettre en avant sa vision multi-énergies (dont les e-fuels et l’hydrogène). Et ce n’est pas le seul à avoir cette vision dans l‘archipel.
En attendant, la présidente de l’exécutif européen promet « une modification ciblée de la réglementation dans le cadre du réexamen prévu » de la législation sur les émissions de CO2.