Après la police et la gendarmerie (lire notre article), c’est à l’armée de se tourner vers l’hydrogène. Le 16 novembre dernier, la délégation militaire départementale du Morbihan, organisait une conférence sous le haut patronage du préfet du Morbihan, monsieur Pascal Bolot, à l’Université Bretagne Sud sur le site de Lorient. Participaient également madame la députée Lysiane Métayer et le général Guillaume Couëtoux.
Cette conférence a rassemblé des spécialistes* du monde économique, des universitaires et des militaires sur le thème : « Forces Armées et hydrogène ». Organisée et animée par Philippe des Robert, cette conférence a fait l’objet de 3 tables rondes : autonomie énergétique en opération, vecteur énergétique de décarbonation et enseignement et recherche.
Cette journée aura permis de dresser l’état de l’art et les pistes de réflexion menées actuellement dans ce domaine. Entre enjeux géopolitiques et transition énergétique, l’hydrogène pourrait bien faire office de passerelle.
La stratégie énergétique du ministère des armées
Le ministère des armées développe une politique énergétique selon trois axes stratégiques : la réduction de la consommation pour minimiser l’empreinte logistique, l’encouragement de l’utilisation de carburants de synthèse pour une consommation plus efficace et la diversification des technologies énergétiques et des sources d’approvisionnement pour une sécurité accrue.
Le défi réside dans l’intégration de ces dimensions tout en garantissant la disponibilité du carburant aux endroits stratégiques, en particulier lors des phases intenses des opérations extérieures (OPEX). Cette notion de disponibilité fait d’ailleurs partie du leitmotiv des forces armées : « disposer du carburant le plus adapté, au bon moment, au bon endroit ». À noter au passage que 0,45% du carburant consommé en France est militaire.
Pourquoi l’armée se tourne t-elle vers l’hydrogène ?
S’il n’est pas sans défis (stockage, transport, sécurité), l’hydrogène permet néanmoins de répondre à des usages que ne peut satisfaire l’électrique. La molécule est particulièrement pertinente pour répondre aux besoins d’autonomie, de flexibilité et de versatilité des usages de l’armée. Les perspectives d’utilisation militaire de l’H2 s’étendent des drones, à l’autonomie des forces spéciales, en passant par des environnements tels que les fonds sous-marins et l’espace exoatmosphérique ou encore les usages stationnaires. Au cours de cette journée, il a également été question de la mobilité terrestre, navale et aérienne dans son ensemble.
À l’heure actuelle, l’armée se voit plutôt utiliser de l’hydrogène à travers les carburants de synthèse par manque d’infrastructure. Mais les cartes devraient être redistribuées d’ici la fin de la décennie grâce à la réglementation (AFIR notamment).
En dehors de l’aspect technique et économique, l’hydrogène permet aussi de renforcer la souveraineté énergétique, en relocalisant la production de carburant sur le territoire national.
Une aubaine pour la filière hydrogène
Si l’armée fait le choix de l’hydrogène, cela signifie plus d’investissements dans la recherche et le développement. Ce qui se traduira, entre autres, par une innovation plus forte et une augmentation du nombre de technicien formés. Un choix stratégique qui permettrait, d’une part, de développer la filière hydrogène française plus rapidement, et d’autre part, d’afficher la France comme leader dans le secteur de l’hydrogène.
Pour en savoir plus sur les discussions tenues lors de la conférence, vous pouvez consulter le compte rendu de 7 pages disponible ici.
*À noter que Seiya (éditeur de ce site) a participé à cette journée.